Le retrait, le 22 septembre, des
équipements de surveillance de l'Agence internationale pour l'énergie
atomique (AIEA) de la centrale de Yongbyon, le principal complexe
nucléaire nord-coréen, à la demande la République populaire
démocratique de Corée (RPDC), est perçu avec préoccupation mais sans
alarmisme à Séoul et à Washington. Pyongyang avait demandé ce retrait
en début de semaine et annoncé son intention de remettre en marche son
réacteur.
"Je ne pense pas qu'il y a un risque immédiat de redémarrage", a
déclaré Christopher Hill, le négociateur américain aux pourparlers sur
la dénucléarisation de la Corée du Nord. Mais, avec en toile de fond
les incertitudes sur l'état de santé du dirigeant Kim Jong-il, cette
nouvelle escalade de tension intervient à un moment délicat si un
flottement du pouvoir se fait sentir à Pyongyang, estiment des experts
sud-coréens de la RPDC.Séoul et Pékin ont cependant appelé la communauté internationale à réagir avec calme. Il faut "éviter d'agir dans la précipitation",
a déclaré, le 24 septembre, le premier ministre sud-coréen Han
Seung-soo en marge de l'Assemblée générale des Nations unies. Le
porte-parole du ministère des affaires étrangères chinois a demandé
pour sa part aux parties concernées de faire preuve de "flexibilité".Le retrait des équipements de surveillance de l'AIEA est interprété par des observateurs à Séoul comme une grave "entorse"
à l'accord de février 2007 par lequel la RPDC s'est engagée à renoncer
à son programme nucléaire en échange de garanties de sécurité de la
part des Etats-Unis (levée des sanctions, reconnaissance diplomatique,
traité de paix) et d'une aide internationale. La mise en oeuvre de
l'accord repose sur le principe "action pour action" : chaque avancée de l'une des parties appelant simultanément un geste de l'autre.
MAINTIEN SUR LA "LISTE NOIRE"Pyongyang,
qui a commencé à désactiver ses installations nucléaires et, en signe
symbolique, a détruit en juillet la cheminée de refroidissement de la
centrale de Yongbyon, estime que les Etats-Unis n'ont pas tenu leur
engagement en retour : retirer la RPDC de la liste des pays soutenant
le terrorisme.A la suite de la remise par Pyongyang, le 26 juin,
de la documentation concernant ses activités nucléaires depuis
l'origine, George Bush avait entamé la procédure de levée des sanctions
en informant le Congrès de son intention. Mais à l'expiration des
quarante-cinq jours de préavis aux élus, la RPDC est restée sur la
"liste noire" qui l'exclut de l'accès aux organisations financières
internationales. Les Etats-Unis exigent pour l'en retirer l'inspection
de ses installations nucléaires afin de vérifier le contenu des
documents fournis le 26 juin.Il paraît exclu, étant donné
l'avancement des opérations de démantèlement, que la RPDC puisse
reprendre avant plusieurs mois sa production de plutonium. Cette
nouvelle tension n'en retarde pas moins le début de règlement du
dossier nucléaire coréen, dont George Bush avait pu espérer qu'il
serait un rare succès à mettre à l'actif de sa diplomatie.