Gardez-vous des produits dépigmentants à
visée cosmétique ! Une équipe britannique relate en effet, la
mésaventure d’une jeune femme d’origine africaine obnubilée par la
couleur de sa peau, et qui voulait à tout prix l’éclaircir. A tout
prix, l’expression n’est pas trop forte. A grands renforts de crèmes
soit-disant « adaptées », elle s’est finalement retrouvée... gravement
malade.
Prise de poids incontrôlable, grossesse impossible, teint zébré,
ecchymoses... L’équipe médicale du Hammersmith Hospital de Londres,
n’en revenait pas. « Cette jeune femme de 28 ans présentait également
une faiblesse musculaire et une inflammation des muqueuses de la bouche
et du pharynx » précisent les auteurs dans la dernière livraison du
Lancet.
Face à ce tableau clinique inquiétant, la patiente a
bien été obligée de « lâcher » le morceau : depuis 7 ans, elle étalait
quotidiennement sur sa peau une « crème dépigmentante » vendue
(illégalement) en épicerie ! Une crème qui s’est révélée contenir du
clobétasol. Or ce dermocorticoïde très puissant, habituellement utilisé
à très faibles doses dans le traitement de dermatites atopiques et de
psoriasis en plaques, ne devrait pas être accessible sans ordonnance.
Et moins encore, hors pharmacie !
« Ce problème existe aussi en France et il est
certainement sous-estimé » nous explique le Dr François Desruelles,
dermatologue à Nice. « Ces crèmes sont achetées en dehors du circuit
légal par des personnes d’origine africaine. Je ne peux pas vous donner
des noms de marque, puisque ces produits sont très souvent importés et
de préparation artisanale. Ils contiennent généralement des corticoïdes
potentiellement dangereux. » Certes il existe des crèmes dépigmentantes
vendues en officine. Mais si leur innocuité est garantie, « leur
efficacité, elle, est limitée ». L’occasion de rappeler qu’un
médicament n’est pas un produit comme les autres. Il s’achète en
pharmacie, et nulle part ailleurs. Certainement pas en épicerie. Et
puis... restons nous-mêmes, tel(les) que la Nature nous a fait(e)s !