| | Les alchimistes........ | |
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nymphéa Gold
Sexe : Nombre de messages : 5130 Age : 115 Localisation : 7 eme ciel Date d'inscription : 20/05/2008
| Sujet: Les alchimistes........ Jeu 22 Mai - 13:57 | |
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| Le secret de ceux qui transforment le plomb en or...
Changer le plomb en or est probablement, avec le desir d'immortalite, l'un des plus vieux reves de l'homme.
Or, les alchimistes, dans le secret de leurs laboratoires aux multiples cornues et alambics, on toujours pretendu pouvoir realiser la transmutation de metaux vils (plomb, etain, cuivre, fer) en metaux nobles (or, argent). Mais yu sont-ils reellement parvenus ou bien ont-ils pris, par erreur, pour de l'or ces cristaux jaunes et brilliants d'oxyde de plomb - inconnu avant le XXe siecle - qui sont apparus au fond de leur creuset lors de la fusion a haute temperature de ce metal ? |
| Il convient de preciser, pour etre totalement exact, que cette transmutation du plomb en or (appelee le Grand oeuvre) n'est, pour les alchimistes, qu'une etape initiatique sur le chemin de la decouverte de la pierre philosophale. De Nicolas Flamel (illustre chercheur du XIVe siecle devenu soudainement riche) a Fulcani (mysterieux alchimiste du XXe siecle et auteur du celebre livre Le mystere des cathedrales)nous allons nous approcher dans cette page des secrets de ces hommes qui, en cherchant le fameux elixir de longue vie et en traquant les mysteres de la matiere, ont tres certainement contribue a l'avenement de la science moderne.
En l’an de grace 1666, deux jours apres Noel, un etrange visiteur, a l'aspect peu engageant, se presente au logis de Friedrich Johann Schweitzer, medecin du prince d'Orange : “ De taille moyenne, il avait un visage plutot allonge, legerement grele de petite verole, une chevelure sombre, sans aucune trace de frisure, et un menton imberbe. I1 pouvait avoir quarante-deux ou quarante-trois ans et etait natif des provinces du Nord. ” Comme on peut le voir, l'eminent chirurgien, auteur de plusieurs traites de botanique et de medecine, etait un observateur aussi attentif qu'objectif. Apres avoir echange quelques banalites d'usage, l'inconnu demande soudain a Schweitzer s'il se croit capable de reconnaitre la pierre philosophale si on la lui mettait devant les yeux. Singuliere question! La pierre philosophale, dont les alchimistes cherchaient a percer le secret, avait, disait-on, le pouvoir de changer en or les metaux ordinaires. Sous une forme liquide, la meme fabuleuse substance, dite “ elixir de longue vie ”, etait reputee pour guerir tous les maux et assurer une extraordinaire longevite.
C'est alors que le visiteur sort de son gousset une petite boite d'ivoire. A l'interieur se trouvent trois morceaux d'une matiere pesante et translucide, d'une pale couleur soufree, chacun de la taille d'une petite noix. “ Voici, affirme l'etranger, la precieuse substance dont les alchimistes ont si longtemps cherche le secret. ” Schweitzer s’empare avidement de l'une des “ pierres ” pour l'examiner et supplie son interlocuteur de lui en laisser un petit fragment. Celui-ci ayant refuse, il parvient neanmoins, avant de lui restituer l'objet, a en detacher subrepticement un minuscule eclat avec son ongle.
Des que son visiteur l'a quitte en lui promettant de revenir dans trois semaines pour lui montrer “ certaines experiences ” curieuses ” , Schweitzer se precipite dans son laboratoire. Il fait fondre un peu de plomb dans un creuset et ajoute alors la parcelle qu'il a derobee. Mais le metal ne se change pas en or : “ La plus grande partie de la masse de plomb en fusion se repandit, et il ne resta au fond du creuset qu'une sorte de depot vitreux. ” Notre chirurgien attend donc avec impatience le retour de son mysterieux visiteur - sans trop y croire, toutefois. Pourtant, tres exactement trois semaines apres cette premiere entrevue, l'etranger est devant Schweitzer. Il refuse tout d'abord de laisser le medecin contempler encore une fois la pretendue pierre philosophale, puis il se laisse flechir. “ I1 m'en donna alors une infime quantite, guere plus grosse qu'une graine d'oeillette ou de navet, en me disant : “ Reçois une parcelle de cet inestimable tresor, pour lequel les rois et les princes Pour le moins ingrat, Schweitzer fait remarquer qu'il n'y a pas la de quoi transmuter en or plus de quatre grains (environ 0,21 g) de plomb. Vexe, l'inconnu lui reprend des mains le minuscule morceau et le coupe en deux, jetant l'une des moities dans l'atre en s'ecriant : “ Meme ceci est encore suffisant pour toi ! ” Schweitzer lui avoue alors son precedent larcin ainsi que l'echec de sa premiere tentative.
L'etranger eclate d'un rire sardonique et declare : “ Tu es certes plus habile a derober le bien d'autrui qu'a preparer tes drogues. Sinon, tu aurais su qu'il etait necessaire d'enrober cette substance de cire vierge afin qu'elle ne soit pas corrompue par les vapeurs deleteres du plomb. De la sorte, elle aurait pu penetrer au coeur meme du metal et le changer en or. ” de la terre donneraient leurs biens les plus precieux ”.
La-dessus, il promet de revenir a 9 heures le lendemain matin et d'enseigner au chirurgien la methode a suivre. “ Mais je ne le vis pas le lendemain, pas plus que les jours suivants. La seule nouvelle que j'en eus ce jour la fut un billet reçu a 9 h 30 ou il s'excusait d'etre retenu par des affaires pressantes et ou il m'assurait qu'il viendrait a 3 heures de l'apres-midi. II ne vint pas davantage, et je n'ai pas eu de ses nouvelles depuis lors. Sur quoi, je commençai a eprouver de serieux doutes a propos de cette aventure. Et j'aurais sans doute renonce si ma femme, ce soir-la, ne m'avait harcele pour que je tente encore une experience, me disant qu'elle ne trouverait pas de repos que je n’aie fait encore une tentative. La voyant ainsi tourmentee, j’ordonnais qu'on allumat un feu dans mon laboratoire, en pensant en moi-meme : “ Helas, les belles paroles de cet homme se reveleront sans doute vaines et trompeuses... ”
Ma femme entoura la precieuse matiere de cire vierge et je preparais une once et six drachmes de vieux plomb que je mis a chauffer dans un creuset. Quand le plomb commença a fondre, ma femme y ajouta la boulette de cire renfermant ladite substance. I1 se produisit alors un bouillonnement intense, accompagne de sifflements, si bien qu'au bout d'un quart d'heure la totalite de la masse de plomb s'etait transformee en or fin. ” |
| Le lendemain, le philosophe Spinoza, qui demeure non loin de la, vient examiner l'or ainsi obtenu, et il se declare convaincu de la sincerite de Schweitzer. Puis c'est a l' “ essayeur ” patente de la province que l'on demande de verifier le titre du metal, que l'orfevre Buectel soumet a divers autres tests. Les resultats sont concluant : c'est bien de l'or, et du meilleur aloi. La bonne foi de Schweitzer ne peut guere etre mise en doute. Ce medecin repute, cet esprit scientifique etait incontestablement un observateur objectif, peu suspect de fraude ou de mystification. Et cependant, ce que nous savons aujourd'hui de la structure de la matiere, et plus particulierement des proprietes des metaux, nous interdit evidemment de croire a la possibilite d'une telle transmutation.
Schweitzer n'est d'ailleurs pas le seul savant de son temps qui crut fermement a l'existence de la pierre philosophale. D'autres hommes de science eminents ont affirme avoir realise - ou vu de leurs propres yeux - la transmutation de metaux non precieux en or. Tel est le cas du grand chimiste flamand Jan Baptist Van Helmont, qui fut notamment le premier a affirmer qu'il existait de nombreux autres gaz que l'air (il est d'ailleurs l'inventeur du terme meme de gaz, derive du mot chaos). Quelque vingt ans avant que le mysterieux etranger ne rendit visite a Schweitzer, il ecrivait : “ A la verite, je l'ai contemplee (la pierre philosophale) de mes propres yeux et a plusieurs reprises, et je l'ai tenue de mes mains.
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Les quatres elements selon la theorie d'Aristote. Chacun d'eux est caracterise par 2 "qualites" complementaires. La terre, l'eau, l'air et le feu que nous connaissons ne sont que des approximations impures de ces etats idealises. | |
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| | | nymphéa Gold
Sexe : Nombre de messages : 5130 Age : 115 Localisation : 7 eme ciel Date d'inscription : 20/05/2008
| Sujet: Re: Les alchimistes........ Jeu 22 Mai - 13:58 | |
| De cette matiere pesante, couleur de safran pile et brillant de mille facettes comme de la poudre de verre, il me fut donne l'equivalent d'un quart de grain (soit 16 mg)... J'ajoutai cet ingredient a huit onces (environ 230 g) de vif-argent (mercure) que j'avais fait chauffer dans un creuset. La masse de vif-argent entra alors en effervescence puis se solidifia immediatement, offrant l'aspect d'un magma jaunatre. Une fois transvase hors du creuset et refroidi a l'aide du soufflet, ce bloc compact se revela etre de l'or le plus pur. Apres verification, j'en trouvai huit onces et quelque onze grains. ”
Van Helmont fut si impressionne par ce resultat qu'il decida de baptiser son jeune fils Mercure. A la meme epoque, Johann Rudolf Glauber (1604- 1668), celebre physicien et chimiste allemand, pensa avoir decouvert l'un des ingredients de la pierre philosophale dans les eaux thermales de la station ou il suivait une cure. La substance qu'il avait isolee - et que nous appelons depuis “ sels de Glauber ” - n'etait en fait que le tres banal sulfate de sodium, repute pour ses proprietes laxatives mais tout a fait inapte a transformer un quelconque metal en or ! Il est vrai que les plus eminents savants etaient alors convaincus que la transmutation des metaux etait realisable. Et, parmi eux, Sir Isaac Newton, Descartes, esprit rationnel s'il en fut, et Leibniz. Robert Boyle lui-meme, qui, dans son ouvrage The Sceptical Chimist (1661), demontrait l'arbitraire de la theorie aristotelicienne des elements (admise alors par la plupart des alchimistes), demeura neanmoins persuade qu'il etait possible de transformer les metaux en or. Il s'agit la d'un tres ancien concept, qui plonge ses racines dans les premiers ages de l'humanite et qui fut transmis a l'Europe medievale par les Arabes. Lorsque ceux-ci envahirent l'Egypte (qu'ils appelaient Khem), au VIIe siecle de notre ere, ils decouvrirent que les Egyptiens etaient passes maitres dans l'art de l'orfevrerie, qu'ils baptiserent alkimiya (“ l'art du pays de Khem ”). Telle est du moins l'une des hypotheses proposees en ce qui concerne l'origine du terme “ alchimie ”. Une peinture murale egyptienne du XVIIIe siecle avant notre ere. On y voit des orfevres (a gauche) et des menuisiers. Ces artisans habiles pouvaient fabriquer des alliages qui imitaient l'or a la perfection. En explorant la fameuse bibliotheque d'Alexandrie, les Arabes decouvrirent les ouvrages des philosophes grecs, et en particulier ceux d'Aristote, qui vivait au IVe siecle avant notre ere et que l'on peut considerer comme le premier grand savant occidental. Les precieux manuscrits furent recopies, puis traduits, et se repandirent dans l'ensemble du monde arabe.
Les theories d'Aristote reposent sur l'unite du principe de la “matiere”, qui ne possede en elle-meme aucune propriete physique specifique, mais a laquelle peuvent etre imprimees differentes formes. Notons que par le terme “ forme ” il n'entend pas seulement les contours concrets, mais toutes les proprietes physiques ou chimiques caracteristiques d'un corps ou d'une substance; proprietes qui peuvent se resumer a quatre caracteres essentiels : l'humidite, la secheresse, le chaud et le froid. Ces caracteres primordiaux sont incarnes par les quatre elements le feu (qui est chaud et sec), l'air (qui est chaud et humide; exemple : la vapeur), l'eau (froide et humide) et la terre (froide et seche).
A partir de cette conception du monde sensible, on arrive logiquement a l'idee que chaque substance specifique resulte de la combinaison des quatre elements de base, dans des proportions variables. Prenons l'exemple d'une buche de bois vert mise dans le feu : sous l'effet de la chaleur, on voit tout d'abord se condenser a la surface du bois de fines gouttelettes d'eau qui ne tardent pas a se transformer en vapeur. Puis le bois se consume, donnant donc apparemment naissance aux flammes. Enfin, a la fin de la combustion, il restera des cendres, c'est-a-dire de la “ terre ”. A partir de la, on peut donc aisement imaginer la transformation d'une substance en une autre : il suffit de modifier - par addition ou soustraction - les proportions des differents elements.
Les Arabes avaient ete impressionnes par l'extreme habilete des anciens orfevres egyptiens, qui etaient notamment capables de traiter et de colorer certains metaux usuels de maniere a leur donner l'apparence de l'or. Ils en deduisirent que les clefs de leur savoir residaient dans l'application des theories d'Aristote, et ils entreprirent a leur tour de longues et patientes recherches en vue de retrouver les secrets des Anciens... Pendant des siecles, les savants arabes allaient effectuer des experiences dans ce sens. Au cours de leur travaux, ils decouvriront nombre de proprietes et de lois qui constitueront les rudiments de la chimie moderne, mais ils ne parviendront jamais a changer en or un quelconque metal. Toutefois, l'un de ces philosophes et savants arabes, Jabir Ibn Hayyan, apportera une contribution importante a la doctrine alchimique. Le schema du grand Aristote modifie par le philosophe arabe Jabir Ibn Hayyan. Deux principes fondamentaux sont mis en evidence : le mercure et le soufre
Selon Aristote, la fumee se degageant lors de la combustion se rattachait par sa nature a la terre, par opposition a la vapeur se degageant au cours de l'ebullition : les mineraux ou les pierres dont la structure n'est pas modifiee par le feu, releveraient donc du meme principe terrestre, tandis que les metaux, qui se liquefient, devraient etre associes a la vapeur.
Jabir suggera pour sa part que la vapeur produite par un liquide en ebullition representait un etat intermediaire entre l'air et l'eau : la vapeur pourrait se transformer en un nouvel element qu'il appela “ mercure ”, terme qui ne designe pas le metal que nous connaissons, mais une substance ideale reunissant les qualites de brillance et de fluidite. De meme, la fumee constituerait un etat transitoire entre la terre et l'air et serait susceptible de se transformer en “ soufre ”, presentant a la fois les avantages de la terre et des matieres combustibles. Selon cette theorie, les differents mineraux et metaux presents sur terre resulteraient de combinaisons variees de soufre et de mercure. Jabir, poursuivant ses recherches, entreprit de distiller les matieres organiques les plus diverses (c'est-a- dire de provenance animale ou vegetale). Dans tous les cas, il obtint d'abord un liquide (qu'il identifia a l’eau, puisqu'il etait froid et humide), puis une “ huile ” (qui, etant chaude et humide, devait etre rattachee a l'air), puis une substance coloree et combustible (pouvant etre consideree comme du feu), et un residu noiratre, appartenant a l'element terre. II pensa donc avoir isole les quatre elements d'Aristote. Il decida alors de “ purifier ” chacun de ces quatre elements afin d'en isoler chaque “ qualite ” specifique. En distillant l'eau 700 fois de suite, il obtint, nous dit-il, une substance blanche et brillante se cristallisant comme le sel. Il pensait ainsi avoir mis en evidence le “ froid intrinseque ”. De meme, il entreprit d'isoler le “ principe humide ” a partir de l'huile obtenue et le “ principe sec ” a partir du residu noir de nature terrestre. Quant au “ principe chaud ”, isole de l'element colore, il le decrivit comme une substance rouge, transparente et brillante. C'est cette substance que les alchimistes europeens appelleront “ pierre philosophale ”. | |
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