La leçon est signée John McCain. «Tous les livres que j'ai lus sur une
campagne disent pour celui qui a gagné que c'était une magnifique et
parfaite campagne, conduite par des génies, portant un incroyable
message, etc... Et pour celui qui perd, c'est complètement foutu, trop
de luttes intestines, de mauvais conseillers, etc...»
Cette interview donnée par le candidat républicain en juillet dernier
se révèle étonnamment prophétique. Alors que l'Obamania souffle sur la
planète, le ticket McCain-Palin divorce avec fracas, à coup de
déclarations tonitruantes (et toujours anonymes) dans la presse.
«Je pense que c'était une relation difficile», déclare au «New York Times»
un responsable de la campagne du sénateur de l'Arizona. «McCain ne
parlait [à Palin] qu'occasionnellement.» La principale source de
problème résidait dans les ambitions présidentielles prétendues de
Sarah Palin qui irritaient au plus haut point les conseillers de
McCain.
L’affaire du faux SarkozyA la fin de la campagne, alors que les sondages donnaient un large avantage à Barack Obama, la gouverneure d'Alaska donnait l'impression d'avoir renoncé à 2008 et de ne plus penser qu'au coup d'après. Des soupçons renforcés par l'épisode fâcheux du faux entretien téléphonique avec Nicolas Sarkozy, dans lequel Sarah Palin confiait qu'elle serait présidente «peut-être dans huit ans».
La blague signée d’un duo de comiques québécois n'a pas fait beaucoup rire les républicains. Les camps McCain et Palin se rejettent la faute.
Un conseiller de McCain assure que la gouverneure d'Alaska n'a pas
prévenu son colistier qu'elle s'était fait avoir par un faux Sarko. Le
camp Palin juge l'accusation «absurde»: l'entretien avec Sarkozy aurait
été noté dans son agenda depuis trois jours.
Palin priée de remballer son discoursLes tensions entre les deux camps sont également apparues le soir de la
défaite. Pour en rajouter dans son statut de présidentiable, d'après le «New York Times»,
Sarah Palin avait prévu de prononcer un discours à Phoenix juste avant
l'aveu de défaite de John McCain, alors que la tradition veut que les
vice-présidents ne s'expriment pas le soir de l'élection.
Les conseillers de McCain l'ont donc priée de ranger son discours et le public américain n'aura finalement vu que ses larmes. Tant pis pour les fans de Palin qui n'en démordent pas: de retour ce jeudi en Alaska, elle a été accueillie à l'aéroport aux cris de «2012! 2012!». Alors future Présidente, Sarah? «On verra ce qu'il se passera», a t-elle sobrement commenté.
Leçon de géographieD'ici à 2012, Sarah Palin devra en tout cas réviser sa géographie.
Est-ce l'entourage de McCain qui a balancé la bombe? Si l'on en croit
Carl Cameron, journaliste émérite de la chaîne pro-républicaine Fox
News, la machine républicaine s'inquiétait de voir que Palin n'était
pas en mesure de citer les pays de l'Alena (réponse pourtant simple: Etats-Unis, Canada et Mexique).
Encore plus inquiétant, Carl Cameron assure que Sarah Palin «n'avait
pas compris que l'Afrique était un continent plutôt qu'un pays».