David Axelrod et David Plouffe
Vous ne connaissez sans doute pas leur nom. Ca fait parti de leur job.
A eux les idées, au candidat les lauriers. Dans ses remerciements,
mardi soir, Barack Obama a pourtant loué le talent du «héro méconnu»
David Plouffe, son directeur de campagne, et de David Axelrod, son
stratège/conseiller en chef. Les emmènera-t-il dans ses valises à la
Maison Blanche? James Carville (et ses faux airs de Professeur Xavier),
architecte de la victoire de Clinton en 1992, avait décliné car il
voulait «gagner de l’argent». Il l’expliquait sur CNN, «il n’y a que
les jeunes ou les déjà riches qui vont à Washington». Ca tombe bien,
Plouffe n’a que 41 ans et Axelrod a fait fortune avec sa firme de
consulting. Ce n’est pas encore officiel, mais ils devraient faire
partie d’un cercle très rapproché autour d’Obama. Mais qui sont-ils
donc?
David Axelrod, le journaliste devenu consultantUn candidat afro-américain élu sur le thème du changement, ca vous dit quelque chose? Obama? Raté. En 2006, Patrick Deval
devient le premier gouverneur noir du Massachussetts. Derrière cette
victoire et ce message, un homme qui s’appelle… David Axelrod.
Axelrod tombe dans la marmite démocrate tout
petit. A 13 ans, il distribuait des badges à l’effigie de Bob Kennedy -
le frère de JFK. Mais c’est comme journaliste politique qu’il commence
sa carrière. A 27 ans, il devient le plus jeune éditorialiste du
«Chicago Tribune».
Après huit ans, il quitte le journal pour
participer à la campagne du sénateur Paul Simon, puis à celle du
premier maire afro-américain de Chicago, Harold Washington. Réussir à
séduire l’électorat blanc avec un candidat noir devient sa marque de
fabrique.
Il distille ses conseils aux candidats (John
Edwards notamment) via sa firme AKP&D Message & Media. Mais
c’est grâce à son autre bébé, ASK Public Strategies, cabinet de
consulting pour grandes entreprises et autres lobbies, qu’il fait fortune.
Il rencontre Obama lorsque ce dernier a tout juste 30 ans et travaille comme organisateur à Chicago. «C’était comme un coach qui trouve un jeune athlète au talent brut», raconte un proche au «New York Times».
Partageant un certain idéalisme, les deux hommes se lient d’amitié et
Axelrod accompagne chaque succès d’Obama. Jusqu’à la fonction suprême.
A 53 ans, David Axelrod et sa moustache ne devraient jamais être très
loin d’Obama dans les longs couloirs de la Maison Blanche
David Plouffe, le jeune prodigeAvec son t-shirt sous sa chemise,
David Plouffe (prononcé comme bluff), 41 ans, a encore des faux airs
d’étudiant. Il vient pourtant de diriger une campagne «dont on
enseignera le modèle pendant de longues années à Sciences Po», estime
le stratège démocrate Garry South.
Au début des primaires, raconte le Los Angeles Times,
Hillary Clinton va voir l’ancien sénateur du New Jersey, Robert
Torricelli. En 1996, Plouffe était à ses côtés, à seulement 29 ans.
«C’est un bon», demande Hillary? Torricelli la met en garde.
D’abord, Plouffe a réussi à naviguer dans une
campagne des plus toxiques, réagissant toujours au quart de tour aux
attaques du camp adverse. Ensuite, quelques années plus tard, il
collecte la somme record de 95 millions de dollars pour le comité
démocrate et la course à la Chambre des représentants. Deux qualités
qu’il a fait jouer à plein dans la campagne d’Obama.
Devenu partenaire dans la firme de consulting
d’Axelrod, on lui prête une rigueur extrême dans le contrôle du message
de campagne, une qualité autrefois attachée aux républicains. Et Obama
disposait peut-être d’un trésor de guerre de plus de 600 millions de
dollars, mais Plouffe contrôlait chaque dépense. «Passez une fois votre
main devant le distributeur de serviettes en papier, et vous en avez
une. Recommencez et c’est un message ‘demandez à David Plouffe qui
s’affiche’, plaisante Axelrod.
Quel rôle exact pour Plouffe dans l’équipe d’Obama? Réponse dans les prochains jours.