Dans le cadre de la célébration de la
soixantième anniversaire de la déclaration universelle des droits, la
Ligue pour la défense des droits de l’Homme (Ldh) au Bénin, par la voix
de son président, Julien Togbadja, a organisé une conférence publique
hier au Codiam à Cotonou, à cet effet. Dans sa déclaration, il y
ressort que la violation de ces principes est trop poussée à l’ère du
régime du président Boni Yayi. La Ligue pour la défense des droits de
l’Homme (Ldh) a donné ce mercredi à Cotonou une note sévère au pouvoir
en place concernant la violation permanente des droits des êtres
humains. Julien Togbadja a dénombré des atteintes graves à ces
principes dans plusieurs domaines. Concernant les libertés
individuelles, il a souligné que la liberté d’opinion, de pensée et
d’expression a pris un coup dur au Bénin par la corruption de la
presse.
« La corruption a pris aujourd’hui une forme plus grave et dangereuse.
Il s’agit de l’achat de journaux, de radio et de chaînes de télévision
par le gouvernement », a-t-il déclaré. Selon ses propos, ces genres de
contrats constituent une véritable violation du principe de la liberté
de presse et du droit à l’information au Bénin. « Cela déséquilibre le
jeu démocratique. Les journalistes qui désapprouvent cette pratique
font l’objet de sanctions diverses surtout à l’Ortb. On voit
l’auto-censure apparaître et la pression fiscale faire ses effets »,
a-t-il indiqué. C’est toujours dans cette logique que la Ldh a condamné
l’arrestation du président de l’Union des laissés pour compte, Andoche
Amègnissè, pour avoir écrit contre le chef de l’Etat. Dans son
commentaire, Julien Togbadja a estimé que cet accusé a été victime d’un
coup monté contre lui. S’agissant des droits de grève, de
manifestation, la ligue pour la défense des droits de l’Homme note que
l’on assiste aujourd’hui à des pratiques perverses comme sous le
pouvoir de Kérékou1. Pour convaincre de la véracité de ses
déclarations, M. Togbadja relève des défalcations sur salaires pour
fait de grève, l’interdiction des manifestations, l’organisation des
marches payées, les arrestations de travailleurs pour délit d’opinion.
Dans le domaine des droits politiques, la Ldh a encore dressé un
tableau sombre pour le gouvernement. « Un problème brûlant continue de
faire l’objet de beaucoup de protestations en ce moment au Bénin. Il
s’agit de l’installation des conseillers communaux et municipaux suite
aux élections communales et municipales », a-t-on fait savoir.
Corruption
La question de la lutte contre la corruption est revenue sur le tapis
hier. La Ldh n’est pas allée du dos de la cuillère pour déclarer que le
président Boni Yayi a échoué dans ce secteur. Pour cette organisation
de la société civile, au lendemain de sa prestation de serment, le chef
de l’Etat et son gouvernement ont fermement promis d’engager la lutte
contre la corruption et le pillage des biens publics. Mais, elle a noté
que ces initiatives ont vite tourné court, car les résultats des audits
difficilement publiés n’ont pu atteindre les objectifs initialement
annoncés. « La lutte contre la corruption était devenue sélective et
l’on avait peine à croire qu’il ne s’agissait pas de règlement de
compte. Des responsables de sociétés où les scandales éclataient,
étaient curieusement épargnés. L’espoir que la gestion de la chose
publique allait être assainie pour préserver les droits des citoyens
commençait à être perdu. Plus, c’est qu’il y a eu des dossiers
scandaleux au sujet desquels la réponse du chef de l’Etat était
attendue, mais il n’a jamais bougé… », selon la déclaration de cette
structure.
La
situation criarde dans les milieux de détention, le massacre des
populations par les hommes en uniforme, l’insécurité grandissante et le
non-respect du droit à la propreté sont également dénoncés par Julien
Togbadja. Ce dernier soutient que le Bénin recule en matière du respect
des droits de l’Homme. C’est pourquoi, il invite le peuple à être
vigilant.
J. Y. M.