Presqu’un an jour pour jour après la disparition de Joëlle C., la mort s’est invitée, une fois encore, dans le milieu des artistes. Dimanche dernier, c’est la jeune chanteuse béninoise, Affo Love, qui a refermé l’album de sa vie. Une mort qui a pris tout le monde de court, tant les dernières déclarations de l’artiste sur son état de santé semblaient
rassurantes.
Dimanche 1er février. Il est 12 h 30. Une véritable rafale de coups de fil nous annonce la mort d’Affo Love. Depuis que la chanteuse béninoise est malade, pas un jour ne passe sans qu’on ne nous annonce son décès.
Mais chaque fois, après vérification auprès de la concernée, l’info s’était toujours avérée inexacte. Seulement, ce dimanche, il fallait prendre l’info au sérieux. Elle provenait de plusieurs pontes du show-biz, d’ici et de la sous-région. Nous appelons immédiatement sur le portable d’Affo Love au Bénin. Le cœur battant la chamade, mais avec le secret espoir qu’une fois encore elle allait démentir la énième rumeur de sa mort. Lorsque le portable commence à sonner, nous poussons un petit ouf de soulagement. Intérieurement, nous nous disons que c’est de bon augure parce ce qu’en général les morts ne laissent pas leur portable ouvert.
Le téléphone sonne une fois, deux fois trois fois, quatre fois. Sans réponse. Au moment où nous pensons à un autre moyen pour avoir des nouvelles d’Affo Love, quelqu’un décroche. Enfin. C’est une voix féminine. Mais ce n’est pas du tout celle d’Affo Love. Une voix rendue hésitante ces derniers temps par la maladie. La gorge nouée par l’émotion, la peur et l’angoisse, nous lançons timidement : «Bonjour madame, je veux parler à Affo Love, s’il vous plait.» La voix
au bout du fil nous répond : «Affo n’est pas là, moi je suis sa grande sœur et c’est moi qui ai son téléphone…». Le cœur battant toujours la chamade, nous reprenons : «Mais où est-ce qu’elle est, Affo Love ? Pouvez-vous aller la chercher, s’il vous plait, je veux lui parler. Depuis ce matin, une rumeur persistante à Abidjan, annonce sa mort.
Vous l’avez vue ce matin ? Elle se porte bien au moins ?... »
Sous le feu de nos questions, la voix au bout du fil marque une petite pause avant d’annoncer : «Ce qu’on vous a dit est vrai. C’est arrivé ce matin. Affo love est décédée…» Le silence qui suit ces mots est glacial et très pesant. Les secondes qui s’écoulent paraissent une éternité. Puis la voix au bout du fil reprend : «Depuis qu’Affo est malade, nous nous baladons d’hôpital en hôpital. Il y a eu des jours où ça allait chez elle, après la maladie reprenait. Ce matin,
par exemple, ça n’allait pas trop mal, elle était au CNHU (Centre national hospitalier Universitaire Hubert Maga de Cotonou, ndlr). Elle a bien parlé avec nous et tout. Mais au bout de dix minutes, les choses ont dégringolé, les médecins n’ont rien pu faire …»
Sur la cause véritable du décès, la jeune dame n’en dira rien. Du coup, on se perd en conjectures. De son vivant, Affo Love a toujours nié un envoûtement de sa personne. Elle parlait plutôt de fatigue générale qui la clouait au lit. Après sa mort, certains de ses proches remettent sur le tapis son supposé envoûtement, le sort qu’on lui aurait jété.
Ainsi donc Affo Love est morte. Celle qui semblait si pleine de vie quand nous l’avons eue au téléphone le 6 janvier
dernier. Elle qui était toute heureuse de nous raconter son réveillon de la Saint sylvestre, de sa voix hésitante.
«Je dis à mes fans que je vais bien. Ils ne doivent pas s’inquiéter. Je leur souhaite une bonne année. Dieu a fait son
boulot, ça va. J’espère revenir à Abidjan d’ici la fin du mois de Janvier. Je prépare un nouvel album avec Freddy Assogba, je viens pour le terminer», disait-elle. A la fin du mois de Janvier, Affo Love n’est pas revenue à Abidjan. Elle n’y reviendra plus d’ailleurs. Le destin en a décidé ainsi. Et à propos de destin, voilà ce qu’Affo Love en disait dans une interview qu’elle nous a accordée en mars 2008 : «chacun de nous a son destin et Dieu seul le connaît. Mais moi, en tout cas, je ne veux pas mourir jeune. Je veux mourir vieille parce que j’ai encore beaucoup de choses à réaliser.»
Ces choses, elle ne les réalisera plus. La mort a interrompu le parcours d’Affo Love à seulement 30 ans (elle est née le
19 mai 1978 dans un petit village de Porto Novo au Bénin). Huitième enfant d’une fratrie qui en compte neuf, c’est comme danseuse qu’Yvette Affodohouto (c’est son nom à l’état civil) est arrivée sur la scène musicale. Elle a commencé en tant que danseuse de la béninoise Zeinab, des Burkinabè Samy Rama et Sonia Carré d’As, des Congolais Guy Guy Fall, Cheela et Yondo Sister etc.
En 2004, Affo Love décide de danser sur sa propre musique. Elle sort alors son premier album, infidélité. C’est la version ivoirienne du titre phare, avec un featuring d’Arenzo DJ qui lance sa carrière. Grâce à cet album et à ses suggestifs jeux de reins, le chocanawa, Affo Love se maintient au haut de l’affiche jusqu’à la sortie de son deuxième
album Yèyè Dingbo. Un disque sur lequel DJ Lewis fait un featuring. Une fois encore le succès est au rendez-vous pour l’ex-coiffeuse (elle était coiffeuse de profession et dans le temps, elle avait un salon de coiffure à Cotonou).
Affo Love laisse derrière elle une carrière prometteuse, une mère (infirmière de formation) dans une immense détresse. Une mère dont le chagrin se décuple à l’idée que sa chanteuse de fille ne lui a donné aucun petit-enfant. Oui, Affo Love n’a pas eu de gosse et c’est l’un des plus grands regrets de sa vie. «Avec mon Blanc, je voulais faire un enfant, mais malheureusement, j’ai fait une fausse couche.» Disait-elle, en Mars 2008.