À la cour d'assises de Sankt-Pölten, à 60 km à l'ouest de Vienne en Autriche, les trois juges, les huit jurés ainsi que l'accusé et son avocat écouteront mercredi avec attention les conclusions de l'expert psychiatre Adelheid Kastner © AFP PHOTO/POOL/HELMUT FOHRINGER
Au troisième jour de son procès, Josef Fritzl change sa stratégie de défense. Le "monstre d'Amstetten", qui a séquestré et violé pendant 24 ans sa fille Elisabeth, se reconnaît coupable de tous les chefs d'accusation, six au total, qui lui sont reprochés. La présidente Andrea Humer lui a demandé ce qui l'a poussé à modifier radicalement de
position. "Le témoignage filmé (de 11 heures) de ma fille", a-t-il laconiquement répondu avant de répéter : "Je reconnais être coupable, je regrette."
Lundi, il a déjà plaidé coupable de viols, séquestration, menaces aggravées et inceste, mais a rejeté les
accusations de meurtre, passibles de la prison à vie, et d'esclavage, qu'il accepte désormais. Le père incestueux est en effet mis en cause dans le décès d'un nouveau-né souffrant de graves troubles respiratoires, auquel sa fille a donné naissance en 1996, seule dans son cachot. Il a refusé qu'il soit hospitalisé alors qu'il était en danger de mort. Des six chefs d'accusation, celui de meurtre est le seul passible de la prison à vie.
Ce revirement, qui pourrait avoir pour conséquence de raccourcir les débats, est intervenu alors que la cour d'assises de Sankt-Pölten s'est concentrée mercredi sur la personnalité complexe de Josef Fritzl. Au coeur des débats, le rapport d'une experte psychiatre sur les ressorts intérieurs de ce père incestueux. Les trois juges, les
huit jurés, ainsi que l'accusé et son avocat ont écouté avec attention Adelheid Kastner. Dans un document de 130 pages, dont des extraits ont filtré dans la presse, elle a conclu à sa responsabilité pénale, tout en soulignant qu'il souffrait de troubles graves de la personnalité.
Risque de récidive Adelheid Kastner a considéré que Josef Fritzl devait être interné en centre psychiatrique, car il y a risque de récidive. "Le danger persiste qu'il commette à nouveau des actes graves s'il n'est pas soigné. C'est pourquoi il sera nécessaire qu'on le traite, et cela, jusqu'à ce qu'on puisse dire qu'il n'est plus dangereux", a-t-elle martelé devant le
tribunal. Un constat qui devrait conforter la procureure Christiane Burkheiser dans ses réquisitions de l'incarcérer dans un établissement psychiatrique spécialisé pour une durée indéterminée.
À l'issue de l'audience qui s'est tenue en présence des journalistes après près de deux journées à huis clos, les trois
juges se sont retirés pour préparer la liste des questions qu'ils soumettront jeudi aux huit jurés. Elles seront lues dans la matinée à partir de 9 heures en séance publique, et le verdict de ce procès sans précédent en Autriche est attendu dans l'après-midi.
Par ailleurs, d'après le quotidien autrichien
Kurier de mercredi, Elisabeth a assisté mardi à une partie du procès. La
victime, âgée de 42 ans, n'a pas pris part aux débats, mais aurait suivi la projection de sa propre déposition dans le prétoire.
Kurier avance qu'Elisabeth souhaitait "collecter des impressions" et observer les réactions de son père pour les intégrer à un livre sur son calvaire qu'elle projette d'écrire.