Elle était devenue la princesse Diana des pauvres. Jade Goody, que la télé-réalité a rendue célèbre et riche, est
morte dimanche 22 mars dans sa maison d'Upshire (Essex). En ce jour de Fête des mères en Grande-Bretagne, des anonymes se sont pressés devant chez elle pour y déposer fleurs, cartes, peluches et larmes.
Fille d'un délinquant mort d'une overdose et d'une lesbienne manchote, la jeune femme de 27 ans, qui avait un temps révulsé la Grande-Bretagne pour son inculture, sa mauvaise éducation et son racisme, était devenue une sorte d'idole nationale depuis qu'elle avait annoncé au pays, à l'été 2008, qu'elle était atteinte d'un cancer de
l'utérus. Et plus encore depuis qu'elle avait appris, en février, que sa maladie en était au stade terminal. Dès lors, la presse - les tabloïds comme les respectables
Guardian et
Times - a tenu la chronique quasi quotidienne de l'avancée du mal. Sorties de séances de chimiothérapie, larmes, malaises... Au jour le jour, le pays s'est passionné pour les derniers moments de Jade Goody, dont la vie ressemble à un conte de fées des bas-fonds.
L'histoire commence en 2002, lorsque l'assistante dentaire participe à "Big Brother", la version britannique de "Loft Story". Elle finit quatrième après avoir expliqué que Rio de Janeiro était une personne et demandé si l'"East Anglia" était à l'étranger.
Qu'importe sa performance, la jeune femme s'accroche à cette célébrité. Elle ouvre un salon de beauté qu'elle baptise non sans humour Ugly's (Chez l'Horrible), lance son parfum, écrit son autobiographie et commence à amasser un petit pactole. En 2007, la voici de nouveau sur les écrans, pour le Big Brother des stars. Cette fois-ci, elle soulève un tollé en tenant des propos racistes sur une actrice indienne de Bollywood.
Lorsqu'elle se découvre condamnée, Jade Goody décide de vendre tout ce qui peut être vendu aux médias pour assurer un avenir confortable à ses deux fils, âgés de 4 et 5 ans. Son mariage, le 22 février, avec Jack Tweed,
sorti pour l'occasion de prison où il purge une peine de dix-huit mois pour avoir agressé un adolescent avec un club de golf, lui rapporte un million de livres. Mission accomplie, la cendrillon du sud-est londonien peut partir en paix.Et sous les hommages de tous.
"Le pays tout entier a admiré sa détermination à assurer un avenir brillant à ses enfants", a déclaré, dimanche, Gordon Brown, "profondément attristé" par sa mort.
"Elle aura permis de sauver la vie de nombreuses jeunes femmes", a pour sa part commenté David Cameron, chef des conservateurs. Car, les médecins l'affirment, depuis qu'elle agonise en direct, les femmes sont allées bien plus nombreuses passer des tests pour le cancer de l'utérus.
"Elle était devenue pour nous tous presque une sainte", a commenté Jonathan Blake, l'évêque d'une église chrétienne dissidente qui avait béni son mariage.
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