Henri D. a 78 ans, il habite Albi et est retraité. Mais il faut remonter à 1949, pour comprendre cette histoire.
Première partie de l'histoire
En 1949, Henri était au régiment à Auch avec son ami Jean, lorsqu’ils sont partis faire une manœuvre à Pavie, dans le Gers. Le soir, comme c’est la coutume, ils ont placés les fusils en faisceaux. Petit problème une balle à blanc était restée dans un canon. Henri range son fusil, puis c’est le tour de Jean. Tout à coup, la détente est accrochée et un coup part !
Jean est touché à l’abdomen… Henri D. voit du sang bouillonner et son ami part dans une ambulance, dans un état inquiétant. Le lendemain, on lui dit que son ami est mort.
Henri D. culpabilise… Cela aurait pu se passer autrement, se dit-il. Sa femme raconte qu’il a vécu avec ce remord toute sa vie.
Deuxième partie de cette histoire
Après cet accident, Jean est opéré par le meilleur chirurgien à l’Hôpital Larrey de Toulouse, qui utilise pour la première fois un "bistouri laser". On lui administre aussi des antibiotiques qui commencent à arriver d’Amérique. Malgré un abdomen quasi détruit, Jean survit.
Ce qui est encore plus extraordinaire, c’est que pendant l’opération, Jean va se dédoubler, raconte-t-il à la Dépêche du Midi. Il flotte dans la salle, voit le chirurgien l’opérer, voit la plaque du fabriquant sous la table, traverse les murs, aperçoit un garage à vélo voisin…
Et puis, c’est la lumière intense, le merveilleux, le délicieux. Tout se démultiplie dans un vertige voluptueux. Et puis la lumière décline, la sensation s'évanouit, la douleur revient, a-t-il raconté à La Dépêche du Midi.
On appelle cela une Near Death Experiment (NDE), "une expérience à la lisière de la mort".
Il est revenu voir quelques jours après, tout correspondait bien. Même le garage à vélo et surtout la plaque que le chirurgien lui-même n’avait jamais vu.
Pendant longtemps, Jean n’a pas osé parler de cette histoire jusqu’à ce qu’il découvre, plusieurs années plus tard, que d’autres personnes ont vécu quelque chose de semblable et que des chercheurs et des livres s’intéressent à la question.
A son tour, il raconte cela aussi dans les livres qu’il écrit et son cas serait considéré comme un des plus probants par les spécialistes.
En 2007, La Dépêche du Midi a raconté l’histoire d’Henri D. et de Jean. C’est comme cela – en lisant le journal à Albi – qu’Henri D. a eu l’idée de téléphoner à la rédaction du quotidien pour obtenir l’adresse de Jean qui habite maintenant dans la banlieue Toulousaine.
Henri D. a compris après cette lecture que Jean n’était pas mort, alors qu’il avait cru l’avoir tué.
Après 58 ans, ils se sont donc revus et se retrouvent régulièrement.