PARIS (AFP) - Une vingtaine de scientifiques,
essentiellement des cancérologues, ont lancé un appel à la prudence
dans l'utilisation des téléphones portables en l'absence de conclusions
scientifiques définitives sur leur éventuelle dangerosité pour la santé.Les
signataires du texte, publié dans le Journal du Dimanche, dressent une
liste de mesures de précaution simples qui peuvent être prises dans
l'attente de données plus complètes.Selon le ministère de la
Santé, aucune preuve scientifique ne permet aujourd'hui de démontrer
que l'utilisation des téléphones mobiles présente "un risque notable"
pour la santé, que ce soit pour les adultes ou les enfants.Cependant,
plusieurs études récentes, qui doivent encore être approfondies,
mettent en évidence la possibilité d'un risque "faible" d'effet
sanitaire lié à une utilisation intense et de longue durée (plus de dix
ans) d'un mobile.Une étude internationale de grande ampleur,
menée dans 13 pays sous l'égide de l'Organisation mondiale de la santé
(OMS), est actuellement en cours.Si de nombreuses études sont
menées à travers le monde, la question de leur financement et de
l'indépendance des experts qui ont en la charge suscite régulièrement
de vives polémiques.Pour les scientifiques à l'origine de cet
appel, parmi lesquels figurent, outre des médecins français, un
Italien, un Néerlandais et un Américain, le mode d'utilisation des
portables doit s'articuler autour de dix règles.
Ne pas autoriser les enfants de moins de 12 ans à utiliser un téléphone portable sauf en
cas d'urgence,
maintenir le téléphone à plus d'un mètre du corps lors des communications en utilisant le mode haut-parleur ou un kit mains
libres ou une oreillette,
éviter le plus possible de porter un téléphone mobile sur soi, même en veille.
Le texte suggère aussi de communiquer plutôt par SMS et d'éviter d'utiliser le portable lorsque la force du signal est faible ou lors de déplacements rapides en voiture ou en train.
"Nous sommes aujourd'hui dans la même
situation qu'il y a cinquante ans pour l'amiante et le tabac. Soit on
ne fait rien, et on accepte un risque, soit on admet qu'il y a un
faisceau d'arguments scientifiques inquiétants", explique Thierry
Bouillet, cancérologue à l'hôpital Avicenne de Bobigny et signataire de
l'appel.Pour le professeur de psychiatrie David
Servan-Schreiber, à l'origine de ce texte, il faut "absolument" prendre
des précautions du fait de l'absence de recul suffisant dans le temps."Même
sans preuve définitive, il faut expliquer aux gens que l'usage des
portables n'est sans doute pas anodin", explique dans le JDD l'auteur
de plusieurs best-seller sur la santé.Depuis plusieurs années,
nombre d'experts à travers le monde mettent en garde contre un usage
immodéré par les enfants: leur système nerveux, en cours de
développement, pourrait être plus sensible aux rayonnements.Début
janvier, deux associations de défense de l'environnement, Agir pour
l'environnement et Priartem, avaient réclamé au ministère de la Santé
l'interdiction à la vente d'un téléphone portable destiné
spécifiquement aux enfants.Le ministère n'avait pas donné suite
à cette demande. Dimanche, à la suite de l'appel des scientifiques, les
deux associations ont renouvelé leur demande pour une "campagne
officielle", similaire à celle sur les dangers du tabac.