24 août 79
Disparition de Pompéi
Le 24 août 79, une violente éruption du Vésuve, volcan que l'on croyait
éteint à jamais, provoque l'enfouissement de la riche cité romaine de
Pompéi sous une pluie de cendres volcaniques. Le même jour, le port
voisin d'Herculanum, à l'habitat plus populaire, disparaît, lui, sous
une coulée de roches et de laves.
Pompéi se retrouve enfouie sous 6 mètres de
lapilli(fines particules de roches volcaniques) et Herculanum sous 16 mètres
de boues. Sorties de l'oubli 1700 ans plus tard, ces deux cités nous
ont permis, grâce à leur malheur soudain, de connaître la civilisation
romaine à son apogée avec autant de précision que si elle s'était
éteinte hier.
Fabienne Manière
Un volcan que l'on croyait éteint
La précédente éruption du Vésuve remontait à 3.500 ans avant JC et n'avait
laissé aucun souvenir dans la mémoire des hommes. Aussi les Romains ne
savaient-ils même pas que la montagne fertile dominant la baie de
Naples était un volcan !
Pourtant, une alerte avait eu lieu en l'an 62, sous le règne de l'empereur Néron. Elle s'était traduite par un violent tremblement de terre qui avait détruit une première fois la ville de Pompéi.
Sans attendre, les riches propriétaires de la ville avaient reconstruit les superbes demeures décorées de fresques, de statues, de mosaïques et de fontaines, où ils venaient se reposer des turbulences de la vie romaine.
La reconstruction était à peine terminée que le volcan se réveillait pour
de bon en l'an 79, sous le règne de l'empereur Titus, celui-là même qui
écrasa avec son père une révolte juive.
Une surprise de taille
En une heure, le volcan propulse dans l'atmosphère un énorme nuage de
cendres brûlantes en forme de pin parasol. A plusieurs kilomètres de
hauteur, ces cendres d'un total de plusieurs millions de tonnes se
refroidissent et retombent sous forme de poussières et de pierres ponce
sur Pompéi. On parle de nuées ardentes.
Sur les 10.000 à 15.000 habitants que devait compter Pompéi, on en a retrouvé à ce jour
2.000 qui ont succombé par asphyxie. Habitués aux tremblements de terre
mais ignorant tout du volcanisme, ils avaient négligé de fuir quand il
en était encore temps.
Quelques heures plus tard, une coulée composée de roches en fusion et de cendres, dite
pyroclastique,
dévale la pente du Vésuve et carbonise instantanément Herculanum et ses
habitants. On retrouvera deux mille ans plus tard des débris de
squelettes. Au total, en près de 24 heures, le Vésuve entraîne la mort
de plusieurs milliers de personnes dans les villes et les campagnes du
golfe de Naples.
À Misène, à la pointe nord du golfe de Naples, un jeune homme de 17 ans, Pline le Jeune,
assiste à l'éruption et en rédige le compte-rendu détaillé dans deux
lettres. Les vulcanologues donneront bien plus tard le qualificatif de
plinéen à une éruption volcanique comme celle qu'il a décrite.
L'oncle du jeune homme, Pline l'Ancien, est un savant connu pour une gigantesque
Histoire naturelle en 37 volumes (on lui doit aussi cette critique des excès gastronomiques de ses concitoyens :
«Un cuisinier coûte plus cher qu'un triomphe»).
Au moment de la catastrophe, il commande la flotte romaine qui mouille à
Misène. Mû par la curiosité scientifique et par un sentiment d'humanité, il meurt asphyxié sur la plage de Stabies après avoir tenté
avec ses navires d'apporter de l'aide à des habitants.
Bénéfices d'une tragédie
La disparition de Pompéi et d'Herculanum est une tragédie humaine comme on en voit hélas à toutes les époques et sur tous les continents. Si elle a gardé une place à part dans l'Histoire, c'est qu'elle s'est avérée être une bénédiction pour les archéologues et les artistes des temps
modernes.
L'éruption et les villes martyres sont tombées dans l'oubli pendant plusieurs siècles. Puis, au XVIIIe siècle, la
charrue d'un paysan heurta par hasard des restes d'Herculanum. C'est ainsi qu'à partir de 1763, les savants purent excaver les traces
presque intactes de la vie quotidienne des riches Romains.
Les trésors de l'empire romain recueillis à Pompéi sont devenus une source d'inspiration pour les décorateurs et les artistes qui ont inauguré en France les styles Directoire et Empire. Ainsi le sculpteur Canova a-t-il réalisé dans le style antique la statue de Pauline Bonaparte nue
que l'on peut voir à la villa Borghèse, à Rome.
Les archéologues se sont aperçus bientôt que les meubles et les corps ensevelis sous les cendres chaudes avaient laissé la place à des
cavités vides en se décomposant.
L'archéologue Giuseppe Fiorelli a eu l'idée d'injecter du plâtre dans ces cavités de
façon à restituer la forme des disparus. D'où ces moulages saisissants des habitants de Pompéi figés dans l'attitude où la mort les a surpris.
On peut aujourd'hui visiter les ruines des deux villes et y retrouver le souvenir de l'ancienne Rome ainsi que dans le musée de Naples, qui
abrite plus d'un million d'objets retrouvés sur les sites. -