Des négociations étaient en cours dimanche pour ramener l'ordre dans le centre-ouest de la Côte d'Ivoire, où des soldats de l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN) se sont soulevés samedi contre leurs chefs pour réclamer notamment de meilleures conditions de vie.
"Nous sommes en pourparlers pour ramener le calme", a affirmé le commandant Issiaka Ouattara, dit Wattao, responsable par intérim de la zone de Séguéla, où a éclaté la mutinerie.
"J'ai donné l'ordre à mes hommes de ne pas tirer et de rester en place", a ajouté le numéro deux de l'état-major des FN qui revenait dimanche à Séguéla avec sa garde rapprochée après une réunion à Bouaké (centre), quartier général de l'ex-rébellion.
Le commandant de la zone de Séguéla a précisé avoir reçu des ordres du Premier ministre Guillaume Soro, également chef des FN, pour "maintenir le calme, c'est tout".
Dans un discours prononcé dimanche à Bouaké, M. Soro a dénoncé ces "troubles" et demandé aux responsables FN de "ramener l'ordre et la discipline".
"C'est une question de crédibilité des FN dans un processus librement consenti", a insisté M. Soro faisant allusion à l'accord de paix qu'il a signé en mars 2007 avec le président Laurent Gbagbo et à la suite duquel il est devenu Premier ministre d'un gouvernement de transition.
Une mutinerie a éclaté samedi à Vavoua puis à Séguéla, une ville distante de 70 km, où une confrontation armée a fait un mort chez les mutins et probablement deux blessés parmi les civils, selon un bilan des FN.
Les éléments de Séguéla, qui craignaient ensuite d'être réprimés dans le sang, ont ensuite demandé la protection des "Forces impartiales", composées des casques bleus de l'Opération de maintien de la paix des Nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci) et des soldats français de la force Licorne", a indiqué M. Soro qui a dit avoir donné son accord.
Selon un responsable des FN ayant requis l'anonymat, mutins et éléments loyalistes stationnaient dimanche sur leurs positions respectives.
A Vavoua, des mutins ont en revanche démenti dimanche avoir rendu les armes, contrairement à ce qu'avait annoncé la veille la direction des FN.
"Nous n'allons jamais rentrer en caserne tant que nos revendications ne sont pas prises en compte", a expliqué le caporal Abdoulaye Koné, affirmant s'exprimer au nom de ses camarades.
De sources concordantes, la mutinerie a éclaté en raison de l'annonce vendredi par le commandant Wattao de l'affectation de nouveaux de chefs dans cette zone.
Les mutins, qui font partie des civils recrutés par la rébellion pendant le conflit, ont refusé de passer sous les ordres de "militaires de carrière", des soldats de l'armée nationale qui ont déserté pour rallier les FN.
Les nouvelles affectations ont été prises pour "ramener un peu d'ordre" et notamment "lutter contre le racket", a justifié le porte-parole militaire des FN, Seydou Outtara.
Elles interviennent après le limogeage le 18 mai du "Com Zone" Zacharia Koné relevé de ses fonctions pour "acte d'indiscipline". Ce chef de guerre, qui tenait la zone de Séguéla depuis l'éclatement de la rébellion en septembre 2002, s'est depuis exilé à Ouagadougou.
D'autres revendications ont été exprimées par les mutins qui réclament de meilleures conditions de vie et le versement des primes de démobilisation prévues dans le cadre du processus de désarmement.
Ce processus est l'un des volets de l'accord de paix qui prévoit aussi la réunification du pays, dont la moitié nord est toujours sous contrôle des FN, et une élection présidentielle, fixée au 30 novembre 2008.