«Oui, non, euh, ben, en fait, quoi, pardon je n'ai pas bien compris ta question...»
L'homme ne ment pas, il arrange ses réponses. Ce
midi, déjeuner avec Prune (ma copine très très prude, en apparence) et
Sonia (la madame Freud de la tribu), Quai de la Loire à Paris. Avant
d'attaquer la suite des aventures sexuelles alambiquées de Prune, je
fais le débriefing de mon week-end à Rome.
Roberto et moi-même
sommes revenus de Rome hier soir. Je raconte la ville, l'hôtel, les
italiens, et les italiennes. Surtout les italiennes. Quelle féminité
exacerbée ! Attention, on aime ou on n'aime pas, mais il faut avouer
quela femme italienne prend soin d'elle, et le moins que l'on puisse
dire c'est que ça se voit. Maquillagetravaillé (à l'inverse de la
tendance
nude de cet été), cheveux impeccables, talons hauts,
poitrines avenantes... Bref, non, je vous rassure les filles, elles ne
sont pas toutes des «
bombas latinas», mais quand même j'ai
posé, au hasard, quelques questions à Roberto, flanqué derrière ses
lunettes de soleil, l'air limite niais. «Oui, non, euh, ben, en fait,
quoi, pardon je n'ai pas bien compris ta question...» Pourtant, elle
était limpide ma question, je me cite : «Tu les trouves comment toi ces
italiennes, tu ne trouves pas qu'elles sont un peu
too much ?».
L'homme ne ment pas, il arrange ses réponsesDeuxième
coup d'essai. Roberto a compris la question. Il se lance dans une
pseudo réponse ahurissante dont je vous épargnerai les détails, mais
pour faire court ça donne cela :«C'est en France que l'on trouve les
plus belles femmes,
tu en es lapreuve non ? Et puis, elles sont un peu trop Bling-Bling
non, non, elles sont pas terribles, vraiment». Le «vraiment» était de
trop pour sonner juste, vous en conviendrez.
Bref, à la fin de
cette conversation qui se poursuit par unexcellent dîner chez Da
Francesco, je suis partagée. Mon mari est parfait, il préfère les
femmes plus
natures comme on dit, les bijoux logotypés et autre French Manucure le laissent de marbre.
D'un
autre côté, compte tenu que moi-même j'ai regardé laplupart de ces
filles/femmes, avec parfois un décrochage de la mâchoire digne d'un
vieux Tex Avery, je me dis que ce goujat qui me sert de mari, se fiche
éperdument de ma trogne. Ceci dit, quitte à bien terminer notre périple
en amoureux, je fais mine de rien, je lui souriset je ne lève même pas
un sourcil lorsqu'il louche sur ma voisine de table alors que je suis
en train de lui décrire la petite robe que j'ai repérée le matin même
chez TAD (le Colette à la romaine). Je me contiens. Je gère.
Merci les filles !Après
s'être esclaffées de rire quand je leur ai dit que mon mari, lui,n'aime
pas ce genre de femmes, toutes deux ont cru bon de me donnerleurs avis
«d'amies». Et notamment, Prune qui elle est tiraillée entre un homme
marié "mais qui va se séparer" et un post ado "qui la drague
comme quand elle était encore vierge". «Mais enfin, évidemment qu'il
s'est imaginé faire l'amour avec chacune d'entre elles(soit environ
5980 scènes de sexe dans le week-end rien que dans sa tête...) !!! Tu
crois quoi, ce genre de nanas, tous les hommes aiment ! Ce sont des
amantes idéales !». Et Sonia d'ajouter : «De toute façon, il n'a fait
que regarder, ce n'est pas bien grave, et en plus, tu n'aurais pas
apprécié qu'il te dise :«Tu m'étonnes que ce sont des bombes, j'ai la
testostérone en ébullition !». Ce n'est pas faux.Vous pensez vraiment que l'on doit ranger au placard l'idée que
le type que l'on a choisi est vraiment comme les autres, qu'il n'est pas un tout petit mieux ?
Et vous, messieurs,
mettez un peu de crédibilté dans vos réponses, à moins que vous pensiez être le mari (mec, amant) de la dernière des pinguines... A bon entendeur !