Le poids du « pagne léger » Le roman d’amour d’Aïssatou Diamanka-Besland se penche sur la sacralisation de la virginité
Le pagne léger raconte l’histoire d’amour de deux jeunes Sénégalais, qui meurent
d’envie de se donner l’un à l’autre mais ne peuvent succomber : la
virginité d’une femme est précieuse et la perdre peut lourdement
affecter son avenir social. La jeune Sénégalaise Aïssatou
Diamanka-Besland, l’auteure du roman, soulève ainsi le poids d’une
culture dépeinte comme oppressive et injuste.
Entre Soukeyna et Babacar, c’est l’amour fou. Un amour profond et sincère, mais
platonique. Ce couple sénégalais doit en effet se résoudre à ne pas
succomber aux relations charnelles pour préserver la virginité de
Soukeyna. Une virginité très précieuse, qui fait l’honneur de la
famille et donne la garantie d’être bonne à marier.
Le pagne léger,
de la jeune Sénégalaise Aïssatou Diamanka-Besland, raconte à travers
l’histoire d’amour des deux étudiants comme il est difficile pour les
jeunes générations de concilier modernité et tradition. Surtout pour les femmes.
Le roman explique comment, très tôt, la mère et le père de Soukeyna l’ont
conditionnée pour qu’elle n’ait pas de relations sexuelles hors
mariage. « Le sexe, c’est sale », « le sexe, ça fait mal », lui
répétait-on en substance. Un discours auquel ses sœurs ont également eu
droit. « J’étais indignée face à ces aberrations. J’étais même choquée
et encore plus troublée. En réalité, je ne comprenais pas. Je disais
souvent à ma mère que j’aurais voulu être un homme, pour avoir beaucoup
plus de liberté. J’aurais voulu que les hommes subissent à leur tour
ces humiliations, qu’ils soient rabaissés, répudiés pour qu’ils
comprennent ce qu’ils font subir aux femmes ! » s’indigne Soukeyna.
Cruels « voleurs de virginité »Le roman, ponctué de faits d’actualité réels, insiste
sur l’injustice qu’il existe dans certains pays entre les hommes et les
femmes face à la sacralisation de la virginité. En principe, les deux
mariés doivent arriver vierges au mariage. Seulement, les femmes
subissent plus de pression. Les femmes qui doivent tacher les draps
nuptiaux de sang pour prouver que leur hymen était bien intact au
moment de ce qui se doit d’être le premier rapport sexuel. Une hérésie
si l’on sait que toutes les femmes ne saignent pas à ce moment-là, car
tous les hymens n’ont pas la même étroitesse. Reste que si la jeune
mariée échoue au test, elle devra porter le déshonneur de sa famille et
se verra taxée de fille qui a « le pagne léger » :
une fille facile.
Quant aux hommes, certains, conscients de leur
avantage, « gaspillent » la virginité d’une femme après lui avoir
promis le mariage. Sans parler de ceux qui commettent des incestes. A
l’image du cousin de Soukeyna, qui a abusé de Thiaba, la sœur cadette
de l’héroïne, alors qu’elle avait cinq ans. Ces « voleurs de
virginité » mettent impunément en péril l’avenir social de celles dont
ils ont abusé. Et ils condamnent au silence leurs victimes qui ne
peuvent dévoiler leur lourd secret sans provoquer un drame familial. Un
dilemme auquel sera confronté Soukeyna, qui a fini par se laisser
séduire par les sirènes du désir…
A n’en pas douter,
Le pagne léger est une ode au droit de la femme à jouir de son corps, à ne plus subir
seules les conséquences d’une tradition non respectée qui est sensée
s’appliquer aux deux sexes. Un cri du cœur pour que cessent les
injustices et l’inégalité qui poussent certaines femmes déflorées hors
mariage à envisager la mort pour ne plus avoir honte, et ne pas faire honte.