A Cotonou, les sexes sont en place! Lynchage des voleurs de sexes
Après les actes de violence à l’encontre de présumés voleurs de sexe, qui ont
fait six morts à Cotonou le week-end dernier, la situation est revenue
au calme. La population a repris ses esprits après avoir constaté
qu’aucun sexe n’avait disparu.
" Alors qu’il marchait, son corps a effleuré celui de Touhan André. C’est alors
qu’il aurait senti un frisson lui traverser le corps. Aussitôt, il crie
que son sexe a disparu. La foule se rue sur Touhan André et le brûle. "
Mauvais film, histoire macabre, fait divers surréaliste ? Non, tout
simplement la vérité crue rapportée cette semaine par nos confrères du
quotidien béninois Le Matinal. Après avoir fait
cinq victimes vendredi 23 novembre, le lynchage de présumés voleurs de
sexes s’est poursuivi vendredi 24. André Touhan, père de sept enfants,
a été brûlé vif au marché de Dantokpa, accusé par un jeune homme de lui
avoir volé son sexe. Quant à Pierre Acapko, il a frôlé la mort le même jour et pour les mêmes raisons.
Il n’en fallait pas plus pour créer une psychose populaire, dont le Bénin
avait été jusqu’ici épargné. " Nous n’avions jamais eu ce genre
d’incidents dans le pays ", assure le commissaire André Tchekounnou, en
charge du commissariat central de Cotonou. " Le phénomène des voleurs
de sexe n’est pas nouveau. Il existe au Nigeria et comme nous sommes
voisins, il a fini par entrer dans les moeurs béninoises. Au Bénin, le
phénomène n’avait jamais connu une telle vindicte populaire ", explique-t-il.
Ibos montrés du doigt
La police a évité la mort de plusieurs personnes en se
déplaçant là où des attroupements de population étaient repérés, en
dispersant les gens et en " les appréhendant, si nécessaire ". " Nous
avons arrêté les personnes qui profitaient de la cohue pour se livrer à
des actes de vandalisme ", note le commissaire. Le rôle de la police a
ensuite été de faire comprendre aux Béninois que ce phénomène de vols
de sexe n’était basé sur rien de sérieux. " Les accusations portées
étaient des montages organisés par les soi-disant victimes qui
voulaient certainement provoquer des troubles ou voler. Leurs
accusations n’étaient basées sur aucune preuve matérielle. Nous avons
vérifié et leurs sexes étaient bien en place. "
Pour le commissaire, les lynchages du week-end dernier
constituent un dérapage sérieux. " C’est un phénomène de société, cela
n’a rien de politique ", soutient-il. Suite à ces lynchages, les biens
des vendeurs nigérians d’origine Ibo (ethnie " que certaines personnes
suspectent de faire disparaître les sexes ", note Le Matinal)
ont été pillés. Pourtant, selon le commissaire, les événements n’ont
rien à voir avec des règlements de compte racistes. " Le mouvement
n’était pas uniquement dirigé contre les Ibos. Deux Béninois ont trouvé
la mort dans cette histoire ", souligne-t-il.
Suite à la prise de parole du ministre de l’Intérieur
dénonçant les " groupuscules d’individus mal intentionnés " à l’origine
du week-end sanglant, le calme est revenu dans les esprits et dans les
rues de Cotonou. " Les étrangers et les Ibos sont rassurés ", la
population est revenue à la raison et les sexes sont toujours bien en place.