PARIS (Reuters) - Deux jeunes gens de 25 et 26 ans ont été mis en examen et placés en détention provisoire jeudi soir à Paris pour "tentative de meurtre" dans l'enquête sur les coups infligés à un jeune Juif de 17 ans, Rudy, dans le XIXe arrondissement de la capitale, le 21 juin dernier, a-t-on appris de source judiciaire.
La juge d'instruction Géraldine Rigollot, qui les a auditionnés après deux jours de garde à vue, a retenu la circonstance aggravante de l'antisémitisme.
Un troisième suspect, un Malien de 27 ans, a été mis en examen pour "violences en réunion avec arme", toujours avec la circonstance aggravante de l'antisémitisme, pour d'autres faits survenus juste avant ceux concernant le jeune Rudy, toujours dans le XIXe.
Il a été laissé en liberté sous contrôle judiciaire par un juge des libertés contre l'avis du parquet. Un autre jeune Juif avait été agressé par plusieurs personnes et frappé au moyen d'un objet décrit comme une machette ou une "feuille" de boucher.
Jugeant les éléments d'enquête insuffisants, la juge Rigollot a refusé la demande du parquet de mettre aussi en examen ce troisième suspect dans l'affaire concernant Rudy.
Rudy avait été roué de coups et plongé dans le coma. Des témoignages puis des écoutes téléphoniques ont conduit les policiers à ces suspects, presque trois semaines après les faits qui avaient suscité une vague d'indignation dans la communauté juive et chez les principaux dirigeants politiques français.
Les trois suspects admettent avoir été sur les lieux des faits mais nient toute participation.
CINQ AUTRES SUSPECTS AVAIENT ETE LIBERES
Aux lendemains des faits, cinq premiers suspects arrêtés sur place avaient été remis en liberté et avaient bénéficié du statut de témoin assisté, la juge Rigollot ayant refusé la mise en examen et en détention demandée par le parquet.
La police croit maintenant tenir un des principaux auteurs des faits, qui ont impliqué un nombre élevé de protagonistes. Le jeune Français de 26 ans résidant dans le XIXe mis en examen dans l'affaire Rudy est accusé par des témoins d'avoir porté des coups à Rudy avec une béquille.
Le deuxième suspect de l'affaire Rudy est un homme de 25 ans, également de nationalité française, résidant à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), qui l'aurait frappé à mains nues.
Présenté initialement par les associations de la communauté juive comme une "agression" antisémite uniquement déclenchée par le fait que Rudy portait une kippa, l'affaire est apparue sous un jour différend après l'enquête de police.
Les investigations ont en effet montré que Rudy, connu de la police pour des violences commises en décembre dernier, n'avait pas été agressé alors qu'il était seul mais blessé à l'issue d'une bagarre entre deux bandes qualifiées de "communautaires", l'une formée de Juifs et l'autre de Noirs.
Cette bagarre semblait consécutive à celle qui a valu la mise en examen au jeune Malien. Rudy, 17 ans, avait du être hospitalisé dans un état très grave, mais il est depuis sorti du coma. Il a déclaré aux policiers n'avoir aucun souvenir de l'affaire.
Selon l'enquête, cette bagarre s'inscrivait dans la suite d'une série de heurts entre jeunes le samedi 21 juin dans ce quartier de Paris.
Dans ce quartier de Paris, violences et échauffourées, en général beaucoup moins sérieuses, sont devenues fréquentes entre bandes qualifiées de "communautaires", regroupant de jeunes Noirs et de jeunes Juifs, depuis 2000 et la deuxième intifada palestinienne, selon les élus de l'arrondissement.
Thierry Lévêque
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