LE CAP (AFP) - L'Assemblée nationale sud-africaine
élisait jeudi le nouveau président de la République après la démission
forcée de Thabo Mbeki et devait désigner le modéré Kgalema Motlanthe,
candidat du parti au pouvoir.
Avant l'ouverture de la séance, les députés proches de Jacob Zuma, président
du Congrès national africain (ANC) et rival de Thabo Mbeki, ont chanté
et dansé pour manifester leur liesse.A 11H00 (09H00 GMT), le
président de la Cour constitutionnelle, Pius Langa, a ouvert les débats
et présenté la candidature de Kgalema Motlanthe, numéro deux de l'ANC,
qui dispose de plus de deux tiers des sièges au Parlement.L'opposition
de l'Alliance démocratique (DA), très minoritaire, a présenté son
propre candidat. Les débats ont ensuite été suspendus pour une
demi-heure, le temps d'imprimer les bulletins de vote.Une fois
élu, le nouveau chef de l'Etat prêtera serment à 14H30 (12H30 GMT) à
Tuynhuis, la résidence présidentielle du Cap, capitale parlementaire du
sud-ouest. Il tiendra les commandes du pays jusqu'aux élections
générales du 2e trimestre 2009, avant lesquelles il devra aussi apaiser
un parti déchiré.Motlanthe devrait former très rapidement son
gouvernement, où le populaire ministre des Finances Trevor Manuel,
considéré comme l'artisan de la croissance soutenue de l'Afrique du Sud post-apartheid, doit siéger.L'Afrique
du Sud est plongée dans une crise sans précédent depuis la fin du
régime ségrégationniste blanc en 1994. Samedi, l'ANC a retiré sa
confiance au président Mbeki, sur fond de luttes intestines, l'accusant
d'instrumentaliser la justice pour barrer à Zuma la route de la
présidence en 2009.Dès le lendemain, il annonçait sa démission
lors d'une allocution radiotélévisée. Lundi, l'ANC désignait son
successeur, choisissant en Motlanthe une personnalité unanimement
respectée, considéré comme le mieux à même d'assurer une transition en
douceur.Mais la présidence annonçait mardi qu'un tiers du
gouvernement avais remis sa démission, dont le charismatique Trevor
Manuel. Immédiatement, les marchés chutaient, jusqu'à ce que le
ministre se dise "disponible" pour servir dans le futur gouvernement.Dans
ce contexte volatil, l'ANC a multiplié les propos rassurants,
soulignant que seuls six des ministres démissionnaires n'avaient pas
l'intention de rester en poste."Il n'y a aucun problème, la
situation est sous contrôle, il n'y a aucune raison de paniquer", a
ainsi lancé Zuma, qui a ravi en décembre la tête de l'ANC à l'ex-chef
de l'Etat au cours d'un congrès houleux.Motlanthe, 59 ans,
surnommé "Mkhuluwa" (Grand Frère) pour ses qualités de conciliateur,
aura pour mission principale de rassurer le pays et les investisseurs
internationaux, mais aussi de réconcilier un parti à couteaux tirés.Pour
l'instant, il est prévu que Zuma soit le candidat du parti en 2009 et
accède à ce titre à la magistrature suprême, malgré les controverses
qui l'entourent.Jugé pour viol puis acquitté, il a été à deux
reprises inculpé dans un autre dossier pour corruption avant que les
poursuites ne soient abandonnées, la première fois faute de preuve, la
seconde pour vice de forme.Motlanthe pourrait également mettre à
profit les six à huit mois jusqu'aux élections pour lancer les prémices
d'une réorientation sociale de la politique gouvernementale.L'Afrique
du Sud, où 43% de la population vit toujours avec moins de deux dollars
par jour en dépit de la croissance, connaît des tensions sociales de
plus en plus perceptibles.Dans une lettre d'adieux à ses
ministres, publiée jeudi par le quotidien The Star, Mbeki leur assure
qu'ils peuvent "garder la tête haute"."Je suis convaincu, qu'un
jour, l'Histoire jugera que, lorsque nous en avons eu la possibilité,
nous avons répondu aux attentes de notre peuple", écrit-il.