VARCES (AFP) - Un détenu a été abattu dimanche
après-midi et un autre a été blessé à la maison d'arrêt de
Varces-Grenoble (Isère) par un tireur embusqué à l'extérieur de
l'établissement pénitentiaire dans lequel ont aussitôt éclaté des
incidents.La
ministre de la Justice Rachida Dati, arrivée sur place dimanche soir, a
indiqué que c'était "la première fois" en France qu'un détenu était
abattu par un tireur posté à l'extérieur d'une prison."C'est un
drame à chaque fois que quelqu'un décède en prison pour la famille,
pour l'institution judiciaire et pour l'administraton pénitentiaire",
a-t-elle déclaré aux journalistes après une réunion de plus d'une heure
avec les autorités pénitentiaires et judiciaires.Au total "cinq
coups de feu" ont été tirés depuis l'extérieur de la prison, depuis une
colline surplombant la cour de promenade où se trouvaient les victimes,
a-t-elle précisé.La maison d'arrêt de Varces, créée en 1972 et
située dans un endroit isolé de la petite ville de Varces, à une
dizaine de kilomètres au sud de Grenoble, accueille "environ 300
détenus pour environ 200 places", selon l'administration pénitentiaire.Né
en 1979, le détenu décédé était "lié au grand banditisme et devait être
entendu dans une autre affaire d'assassinat", selon Mme Dati qui a
refusé de préciser son identité.Dans son édition de lundi, le
Dauphiné libéré révèle qu'il s'agit de Sghaïr Lamiri, qui purgeait une
peine de 8 ans de prison pour des braquages commis en 2001 et 2002.Le
détenu blessé, également connu pour des faits de banditisme, "était
lié" au décédé et a tenté de le secourir avant d'être blessé à la main,
a ajouté la ministre.Le tireur présumé a été interpellé avec son
arme à proximité de la maison d'arrêt. Agé de 58 ans et cambrioleur
"multirécidiviste", il a été placé en garde à vue dans les locaux de la
police judiciaire de Grenoble, saisie de l'enquête."Il nie les
faits mais a été interpellé au moment où il récupérait sa moto, portant
une fausse plaque d'immatriculation, et il avait un fusil à lunette
encore chaud", a précisé Mme Dati.Peu après les tirs, une
centaine de gendarmes du groupement de l'Isère avaient été dépêchés sur
les lieux. Certains d'entre eux s'étaient déployés autour de
l'établissement, d'autres à l'intérieur. Les pompiers étaient également
présents.Certains détenus avaient refusé de regagner leur
cellule et d'autres ont envoyé des flammèches depuis leur cellule sur
l'atelier, provoquant un incendie, avait expliqué le chef d'état-major
de la sécurité de l'Administration pénitentiaire, Martin Parkouda.L'incendie,
qui avait provoqué d'importantes fumées noires au-dessus de la maison
d'arrêt, a été circonscrit vers 22H00 et les incidents ont alors cessé,
selon Jean-Pierre Schiefer, délégué général de FO pénitentiaire.Au
cours des incidents, de nombreux détenus ont agité, depuis leurs
cellules, des mouchoirs blancs tandis que d'autres poussaient des cris.
Inquiètes pour leurs proches, des familles de détenus étaient arrivées
par petits groupes devant la maison d'arrêt avant d'être bloquées par
les gendarmes.Le tireur a fait feu d'une colline accessible par
un chemin public, a expliqué M. Schiefer, en soulignant que son
syndicat avait dénoncé à plusieurs reprises ce danger potentiel."Si
un tireur peut tirer depuis la colline, il peut aussi bien tirer sur un
détenu que sur un membre du personnel pour exercer des pressions ou une
évasion", a-t-il dénoncé.Mme Dati a annoncé une série de mesures
pour améliorer la sécurité de la maison d'arrêt de Varces comme
notamment l'installation de caméras de surveillance au-delà des murs,
qui seront aussi surélevés.