OSLO (AFP) - Le prix Nobel de la paix a été attribué
vendredi à l'ancien président finlandais Martti Ahtisaari pour ses
nombreuses médiations de paix à travers le monde depuis 30 ans, malgré
un échec notable au Kosovo."Ces
efforts ont contribué à un monde plus pacifique et à la +fraternité
entre les nations+ dans l'esprit d'Alfred Nobel", a déclaré à Oslo le
président du comité Nobel norvégien, Ole Danbolt Mjoes.Agé de 71
ans, Martti Ahtisaari a sillonné la planète au service de la paix,
notamment à la tête de la Crisis Management Initiative (CMI, Initiative
de gestion des crises), l'ONG qu'il a fondée en 2000.En 2005, il
a présidé à l'accord de paix entre le gouvernement indonésien et les
ex-rebelles indépendantistes du Mouvement Aceh libre (GAM), mettant fin
à un conflit qui a fait environ 15.000 morts depuis 1976.Aux
termes de l'accord, le GAM a déposé les armes et le pouvoir central a
retiré une grosse partie des forces armées déployées dans la province.Un
épilogue heureux qui reste comme sa plus grande réussite et qui tranche
avec une actualité dominée par les violences, du Proche-Orient au
Caucase en passant par l'Irak, l'Afghanistan, le Sri Lanka ou la Birmanie."Je
suis surpris que les Norvégiens puissent prendre une telle décision.
J'ai 12,5% de sang norvégien et ça devrait me disqualifier" pour le
Nobel, a réagi le diplomate finlandais -qui a un arrière grand-père
norvégien- vendredi sur la radio NRK.Considéré comme un sérieux
prétendant au prix de la paix depuis plusieurs années, M. Ahtisaari
reçoit la prestigieuse récompense alors qu'il reste sur un échec.Dans ses fonctions d'envoyé spécial de l'ONU entre novembre 2005 et mars 2007, le Finlandais n'a en effet pas réussi à résoudre le casse-tête kosovar.Peuplé
par une forte majorité albanaise, le Kosovo a unilatéralement proclamé
son indépendance de la Serbie le 17 février dernier.Près de 50 pays, dont les Etats-Unis et la plupart des membres de l'UE, ont reconnu le nouvel Etat, mais pas la Serbie ni la Russie,
qui a invoqué le précédent kosovar pour justifier sa reconnaissance de
l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie, au grand dam cette fois-ci de
l'Occident."Il n'abandonne jamais. Il essaie toujours de trouver
une solution. Le monde a besoin de plus d'hommes de sa trempe", a
précisé M. Mjoes lors d'une conférence de presse.Au-delà de
l'accord d'Aceh, M. Ahtisaari, instituteur de formation et président de
Finlande de 1994 à 2000, se voit récompenser pour une carrière
diplomatique bien remplie.En 1990, il oeuvre à l'accession
pacifique de la Namibie à l'indépendance, sa médiation "la plus
importante", a-t-il estimé vendredi, "car elle a pris énormément de
temps".En 1999, il joue les intermédiaires pour mettre fin aux bombardements de l'Otan contre la Yougoslavie de Slobodan Milosevic.En 2000, il supervise aussi le désarmement de l'Armée républicaine irlandaise (IRA) en Irlande
du Nord et, l'an dernier, il organise des pourparlers entre Irakiens
sunnites et chiites pour jeter des ponts entre les deux communautés.Premier
à réagir, le chef du gouvernement norvégien Jens Stoltenberg s'est
félicité de ce choix: "Il a donné espoir à de nombreuses personnes à
travers le monde", a-t-il dit.Cette année, 197 personnalités et organisations étaient en lice pour le Nobel de la paix.Le
prix Nobel, qui consiste en une médaille, un diplôme et un chèque de 10
millions de couronnes suédoises (environ 1 million d'euros), sera remis
à Oslo le 10 décembre, date-anniversaire de la mort de son fondateur,
l'industriel et philanthrope suédois Alfred Nobel.