Quatre personnes ont
été mises en examen, mercredi 18 juin, pour leur participation à
l'assassinat de la journaliste Anna Politkovskaïa, tuée par balles dans
son immeuble à Moscou en 2006. Arrêtés il y a un an, les
suspects - Djibraïl et Ibraguim Makhmoudov ainsi que Sergueï
Hadjikourbanov, un ancien policier, tous trois originaires de
Tchétchénie - ont été formellement accusés d'avoir participé au crime.
Un quatrième suspect, Pavel Riagouzov, officier des services russes
de sécurité (FSB), a été inculpé dans le cadre de plusieurs affaires.
Selon la justice, il aurait fourni l'adresse de la journaliste au tueur.Pour
le parquet russe, ces inculpations clôturent vingt mois
d'investigations. Pour les collègues de la journaliste, dont Dmitri
Mouratov, rédacteur en chef du bihebdomadaire
Novaïa Gazeta,
l'enquête n'a pas abouti. Les commanditaires de l'assassinat n'ont pas
été trouvés, le principal exécutant est en fuite et aucun mobile n'a
été avancé. Le degré d'implication des quatre personnes mises en examen
n'a pas été précisé.
"On transmet au tribunal une affaire dépourvue de commanditaire, d'organisateur et d'exécutant",
résumait, mercredi, Anna Stavitskaïa, l'avocate de la famille de la
journaliste. Le principal suspect, Roustam Makhmoudov, qui aurait
appuyé sur la détente, selon les enquêteurs, est en fuite. Recherché
par la justice, son nom est cité dans toute la presse.Mercredi, M. Mouratov a dénoncé les
"fuites d'informations qui ont permis à de nombreuses personnes
impliquées, dont le meurtrier lui-même, de prendre le large à temps".
"Un crime ne peut être résolu si l'assassin court toujours (...),
si le commanditaire n'a pas été identifié, si aucune enquête n'a été lancée contre les responsables des fuites",
a-t-il dit à la radio Echo de Moscou. Un homme armé avait assassiné
Anna Politkovskaïa, virulente critique de Vladimir Poutine, dans son
immeuble moscovite, le 7 octobre 2006, jour de l'anniversaire du maître
du Kremlin. Les premiers résultats de l'enquête avaient montré que la
journaliste était suivie depuis quarante-huit heures par un groupe de
quatre personnes.Selon ses collègues qui mènent leur propre
enquête, elle était également prise en filature et écoutée par le FSB.
Les officiels russes, eux, accusent Boris Berezovski, l'oligarque exilé
à Londres, d'être le commanditaire du meurtre.