Le secrétaire au Trésor américain, Henry Paulson, a déclaré lundi qu'il ne comptait pas puiser davantage dans
les 700 milliards de dollars mis à sa disposition par le Congrès pour
sauver les banques d'ici à la prise de fonctions du président Barack
Obama, le 20 janvier.
"Je vais faire ce que nous devons faire pour
maintenir un système fort, mais je ne vais pas chercher à engager de
nouvelles choses à moins qu'elles ne soient nécessaires, à moins
qu'elle n'aient un grand sens", a déclaré M. Paulson dans un entretien mis en ligne par le
Wall Street Journal.
"Je veux préserver la puissance de feu et la flexibilité que nous avons maintenant" pour
"ceux qui viennent après nous", a-t-il ajouté.
Sur les 700 milliards débloqués par le Congrès début octobre, M.
Paulson a reçu l'autorisation de dépenser 350 milliards. Il devait
normalement revenir devant le Congrès pour obtenir le déblocage de la
seconde moitié des fonds. Le Trésor a déjà alloué 290 milliards de
dollars : 250 milliards destinés à renflouer des banques et 40
milliards sous forme de prêt à l'assureur AIG. Le ministre a annoncé le
12 novembre avoir renoncé au cœur de son plan de sauvetage du système
financier (un mécanisme de rachat des actifs invendables des banques
accumulés pendant la dernière bulle immobilière), estimant qu'il était
plus simple et plus efficace que l'Etat prenne directement des
participations dans des établissements bancaires sains.
CHUTE DES BOURSESSur les 250 milliards alloués à ce
"programme d'achat de capital",
le Trésor a versé fin octobre 115 milliards de dollars à huit des plus
grandes banques américaines en échange d'une prise de participation
minoritaire dans leur capital. Alors que le Congrès a repris lundi une
session de transition jusqu'au changement de président, la majorité
démocrate souhaite utiliser une partie de la cagnotte de M. Paulson
pour venir en aide aux constructeurs automobiles. Mais le président
sortant, George W. Bush, qui dispose d'un droit de veto, a indiqué
samedi qu'il n'en était pas question, le gouvernement s'en tenant à une
ligne simple : cet argent doit servir à stabiliser le système financier.Cette annonce intervient également alors que la banque américaine Citigroup, très affaiblie par la crise
financière, a annoncé, lundi, qu'elle allait tailler massivement dans
ses effectifs, avec la disparition de 50 000 emplois dans les prochains
mois. Ces suppressions se feront
"pour moitié via les cessions d'actifs en cours, le reste par des départs volontaires et des licenciements secs",
a-t-on précisé chez l'ancien numéro un mondial de la banque. Il s'agit
de la deuxième plus grosse charrette annoncée par une entreprise
américaine depuis un plan social de 60 000 personnes chez le groupe
informatique IBM en 1993, selon le cabinet en ressources humaines
Challenger.Plombée
par ces mauvaises nouvelles, Wall Street avait nettement chuté lundi,
le Dow Jones perdant 2,63 %, dans la foulée des places européennes. En
milieu de matinée, Paris perdait 1,89 %, alors que Londres (+0,04 %) et
Francfort (-0,02 %) étaient stables. En revanche, les marchés
asiatiques ont eux prolongé la baisse de Wall Street. La Bourse de
Tokyo a clôturé en baisse de 2,28 %, au lendemain de la confirmation
que le Japon, deuxième économie mondiale, était entré en récession à
son tour. Hongkong a clôturé en baisse de 4,54 %, Shanghaï de 6,31 %,
et Taïpeih de 3,03 %.