Ayant déclenché une salve de critiques en Europe centrale après avoir émis des doutes sur la pertinence du projet
de bouclier antimissile américain, Nicolas Sarkozy s'est employé, samedi 15 novembre à Washington, à recadrer ses propos.
"Nos amis tchèques, nos amis polonais sont souverains dans leur pays", a-t-il dit, en parlant des deux pays disposés à accueillir des éléments du bouclier antimissile sur leur territoire.
Ce dispositif, a ajouté le président français, peut être un
"utile complément" face à la menace de missiles
"venus d'ailleurs, par exemple d'Iran". La veille, lors d'un sommet Union européenne-Russie à Nice, en
présence du président russe, Dmitri Medvedev, M. Sarkozy avait commenté
que
"le déploiement de bouclier" n'amenait
"rien à la sécurité".
Voulant désamorcer les tensions avec Moscou, il avait suggéré que le
projet soit gelé jusqu'à la tenue d'un sommet, mi-2009, avec la Russie,
sur la sécurité en Europe.Ces propos avaient indigné des
responsables de la République tchèque, qui ont jugé que M. Sarkozy
avait outrepassé son mandat européen en parlant avec M. Medvedev, à
Nice, de l'architecture de la sécurité en Europe. Ils rappelaient aussi
la position commune de l'OTAN, formulée lors du sommet de Bucarest en
avril, qui constatait
"la contribution essentielle" du projet de bouclier américain
"à la protection des alliés".Le vice-premier ministre tchèque, Alexandr Vondra, ainsi que l'ancien président Vaclav Havel se sont tous deux dits
"surpris" par les déclarations de M. Sarkozy à Nice. Selon le premier ministre polonais, Donald Tusk,
"le point de vue" de M. Sarkozy
"n'aura aucun impact sur l'avenir du projet" de bouclier.
"L'activisme de M. Sarkozy" auprès des Russes, tel qu'il s'est manifesté à Nice,
"risque de fissurer l'Europe davantage que la politique de Chirac", critiquait un diplomate de haut rang d'un pays d'Europe centrale.Samedi, à Washington, Dmitri Medvedev a proposé un
"partenariat stratégique" avec les Etats-Unis, misant visiblement sur les hésitations que le
président élu, Barack Obama, a exprimées, durant sa campagne
électorale, à propos du bouclier antimissile.