John McCain et Barack Obama, lundi, au quartier général de transition du président élu, à Chicago.
Les deux hommes, qui ne s'étaient pas revus depuis leur dernier débat
présidentiel, ont appelé de concert à une «nouvelle ère de réformes».
Le monde a bien changé depuis leur dernière rencontre, le 15 octobre
dernier : l'un a été élu président des Etats-Unis, l'autre est retourné
à sa vie de sénateur de l'Arizona. Mais lundi en fin de matinée, après
plusieurs mois de campagne sans merci, Barack Obama et John McCain ont
bel et bien enterré la hache de guerre.
Après avoir échangé des banalités sur le sport et les journalistes pendant quelques minutes
face aux photographes, les deux hommes se sont retrouvés en petit
comité, dans le quartier général de transition de Barack Obama, à Chicago.
Pour l'occasion, le président élu était accompagné de son futur secrétaire général de la Maison-Blanche, Rahm Emanuel. Quant à son ancien rival, il était au côté d'un de ses proches, le sénateur
républicain de Caroline du Sud, Lindsey Graham.
Peu avant le début de l'entrevue, à laquelle aucun journaliste n'a pu assister,
Barack Obama, soucieux de se placer par-delà les clivages, a affirmé
qu'il s'agissait juste d'«une bonne conversation sur comment nous
pourrions faire pour remettre d'aplomb le pays. Et aussi pour remercier
le sénateur McCain pour tous les services remarquables qu'il a déjà
rendu.» Interrogé pour savoir s'il comptait aider le gouvernement
Obama, le sénateur républicain a répondu : «évidemment».
Portée symboliqueA l'issue de leur entretien, les deux hommes ont publié un communiqué
commun. «En ce moment fondateur de l'Histoire, nous croyons que les
Américains de tous partis souhaitent et ont besoin que leurs
responsables travaillent ensemble pour changer les mauvaises habitudes
de Washington, de telle sorte que nous puissions résoudre les défis
communs et urgents de notre temps», ont-ils expliqué dans ce texte.
Qualifiant leur conversation de «productive», ils ont assuré être tombés d'accord
sur la nécessité de «lancer une nouvelle ère de réformes, pendant
laquelle nous allons nous battre contre le gaspillage d'argent public,
les luttes partisanes de Washington».
Ils ont également souhaité agir «de manière à restaurer la confiance dans le gouvernement et à
ramener la prospérité». «Nous espérons travailler ensemble dans les
jours et les mois à venir sur des défis essentiels comme la «crise
financière», la création d'«une nouvelle économie de l'énergie» et la
«protection de notre sécurité nationale», ont-ils également appelé de
leurs vœux.
De telles rencontres entre le vainqueur et son adversaire vaincu sont très rares aux Etats-Unis,
ce qui donne sans conteste à celle-ci une portée symbolique. Depuis son élection le 4
novembre dernier, Barack Obama n'a pas caché son intention de faire
entrer des personnalités républicaines dans son gouvernement, lui qui
se plaît d'ailleurs à se placer dans les pas de l'ex-président républicain Abraham Lincoln.
Pourtant, selon les médias américains, le 44e président n'avait pas l'intention d'offrir un poste
de ministre à son ancien adversaire, qui ne l'aurait de toute façon
sans doute pas accepté.
Jeudi, Barack Obama avait déjà orchestré une rencontre avec une autre ancienne rivale,
démocrate cette fois, Hillary Clinton, dont le nom est cité pour le poste de future
secrétaire d'Etat. Rien n'a toutefois filtré sur le contenu de leur entrevue.