Les Italiens ont élu pour la troisième fois à la tête du Conseil, le plus
Bronzé,
Lifté,
Irréductible,
Nabab et
Gouailleur
des candidats: Silvio Berlusconi. Mais à la surprise générale, le Rital
n'a pas crié victoire et se l’est même joué héros très discret. Le
milliardaire a seulement déclaré par téléphone sur la Rai Uno que «des
mois difficiles» attendaient les Italiens…
Alors qu’auprès de Carla, Nicolas se range des voitures (des Rolex, et
des Ray-Ban), Silvio séduit en ayant le triomphe modeste. BLING, mais
pas bling-bling Il Cavaliere? En apparence seulement.
Le crooner italien «n’a pas changé».
Berlusconi promet toujours de réussir pour le pays ce qu'il avait
réussi dans les affaires, mais la conjoncture économique est mauvaise.
Pour éviter d’avouer, comme le Président Sarkozy, que «les caisses sont
vides», le roi des médias préfère prévenir qu'il n'a «pas de baguette
magique» et demander «des sacrifices» à ses concitoyens.
Qu'est devenu l’entrepreneur hâbleur, le «rêveur qui transforme ses
rêves en réalité »? Le Caïman aurait donc raccrocher son attirail
flamboyant? !
Pendant la campagne, le chef de file de la droite a promis des «tests
mentaux aux juges», traité son adversaire de «communiste», précisé,
pour amuser la galerie, qu'il est «plus grand que Sarkozy et Poutine»
et ressorti ses meilleures blagues («les femmes de droite sont plus
belles que celles de gauche»).
Son parcours exceptionnel, son
absence totale d’inhibition, son attitude de latin lover (qu’il
revendique plus qu’il ne l’avoue) font de Silvio Berlusconi un chef de
gouvernement clinquant, flambeur et mégalo.
Génie Versace et Duce GabbanaL'homme n'a pas changé depuis sa première campagne électorale en 1994.
Même chevelure de jais («mes cheveux poussent de manière merveilleuse»,
vient-il encore de noter), même bronzage aux UV, même sourire ultra
bright (voire mêmes lentilles colorées ?)… Silvio a juste laissé tombé
l'habituel complet croisé et la cravate Marinella à pois. Sur les
conseils de sa fille cadette, Barbara, il se présente col ouvert,
chemise noire et costume sombre comme en portent les designers
branchés.
Bling-bling en chef, il assène aux futurs diplomates les
priorités de la représentativité à l’italienne: pas de moustaches,
jamais de mains moites, et une haleine toujours fraîche!
Sémillant septuagénaire
Le temps n'a pas de prise sur Silvio Berlusconi, 71 ans. Son médecin
personnel, Umberto Scapagnini, l'a d’ailleurs diagnostiqué «éternel ».
Obsédé par son physique, Silvio passe des heures au sauna à se faire
masser et trimballe toujours avec lui quantité de crèmes et d’onguent.
Interrogé par une journaliste sur ses disparitions «mystérieuses» (au
cours desquelles, secret de polichinelle, il fait des liftings, des
transplantations de cheveux et des régimes drastiques) M. Berlusconi
répond: «Qui peut se le permettre, avec les progrès de la chirurgie et
de la science, doit effectuer ce genre d'intervention », évoquant ses
obligations de «représentation internationale du pays».
«C'est aussi une question de jeunesse intérieure, moi je me sens comme
si j'avais 40 ou 42 ans », déclare le nouveau chef du gouvernement qui
précise: «Je cours d'ailleurs les 100 mètres dans un temps excellent »
(pour échapper à qui?).
Complexé par sa taille, il érige comme fierté de ne pas mettre de
talonnettes et n’hésite pas à se déchausser pour attester de se
«grandeur». C’est d’ailleurs son seul point de désaccord avec Nicolas
Sarkozy. Silvio en a marre qu'on le traite de «nain» et prétend être
beaucoup plus grand que son ami Nicolas: 1,71m contre 1,65m.
S’il n’est pas fan des stylos Mont-Blanc, Silvio a aussi son péché
bling-bling: il boit son vin dans un verre de Murano avec pied en or
massif.
Le macho ne mâche pas ses motsViril, tactile, gourmand de tous les plaisirs masculins. Silvio
Berlusconi aime les pâtes aux truffes, avoue une passion pour le foot
et les jolies femmes. Pour célébrer la chute de Romano Prodi, il a
commandé une pizza et de la crème glacée.
Président du Milan AC,
couvert de titres, à la tête d'une des plus grosses fortunes d'Europe
et d'un groupe de médias hyper puissant, c'est un leader rajeuni et
stimulé par le défi qui s'apprête à prendre sa revanche.
Compensant son âge par une présence de jeune premier sur la scène
politique, Berlu a compris qu'il était inutile de jouer les Mussolini,
d’accuser la Chine de Mao «d'avoir fait «bouillir des enfants » et de
traiter les Italiens qui votent à gauche «de couillons»…
Mais sa règle reste celle des journaux télévisés: une nouvelle chasse l'autre,
toute vérité a, au mieux, vingt-quatre heures d'existence, et un bon
mot vaut mieux que de longs discours.
A part Napoléon, il ne voit personne qui le surpasse dans l'Histoire
politique de l'Europe. (« Mais, de taille, je suis bien plus grand que
lui », corrige-t-il aussitôt). S'il ne cache pas avoir le goût du
pouvoir, Berlusconi se sacrifie aussi sur l’autel de la popularité: «Je
suis le Jésus-Christ de la politique », confit-il un jour..
Mais à l'étranger, ses tirades passent moins bien: il traite un député
allemand du Parlement européen de kapo de camp nazi et se dit
convaincu, au lendemain du 11 Septembre, de la supériorité de la
civilisation occidentale.
Charmeur et sûr de lui, il affirme avoir usé de son pouvoir de
séduction afin de convaincre la présidente finlandaise Tarja Halonen
d'appuyer la candidature de Parme pour accueillir le siège de
l'Autorité européenne de sécurité des aliments. « J'ai dû recourir à
tous mes stratagèmes de play-boy... et ça faisait longtemps qu'ils
n'avaient pas servi»...
Le Cavalier cavaleurLa virilité de Silvio Berlusconi est une grande cause nationale en
Italie. Et ses prouesses au lit, un puissant argument électoral. A une
dame qui lui dit son émotion de le rencontrer, il répond «Mais que
diriez-vous quand vous aurez passé une nuit d’amour avec moi ». En
septembre 2007, ce père de cinq enfants s’est même vanté auprès d’un de
ses amis d’avoir couché avec 84 femmes l’été précédent! Sacré
performance pour ce rescapé du cancer de la prostate, cœur de Casanova
porteur de pacemaker! Il est comme ça Le Cavaliere. Sans complexe et
toujours prêt à alimenter les rumeurs (vraies ou fausses) sur ses
prouesses de séducteur!
Pourvu, on le sait d’un libido insatiable,
le Rital roucoule à l’oreille des starlettes de Mediaset et lisse son
implant capillaire devant les Vénus de Forza Italia.
mpossible de rester de marbre entre Mara Carfagna, la députée canon,
ex-candidate au tître de Miss Italie (et au Rital de glisser: «Si je
n’étais pas marié, je t’épouserai sur-le-champ») et Aida Yespica, la
journaliste hyper sexy (à qui il promet: «Avec toi, j’irai n’importe
où, même sur une île déserte »)…
Le problème, c’est qu’a chaque fois
que Silvio ajoute une conquête à son tableau, six millions de
téléspectateurs entendent ses déclarations enflammées. Ajoutez à cela,
une sénatrice qui s’interroge publiquement sur l’arrivée en force, dans
son propre parti, « de jeunes beautés dont l’expérience politique se
limite à avoir tourné la roue de la fortune en maillot de bain devant
les caméras de Canale 5 ». Il y a de quoi en perdre son latin lover!