Des militaires ont attaqué, dimanche 23
novembre, la résidence du président de Guinée Bissau, Joao Bernardo
Vieira, une semaine après des élections législatives censées apporter
la stabilité à ce petit pays d'Afrique de l'ouest, plaque tournante du
trafic de cocaïne sud-américaine vers l'Europe. Selon des résultats
provisoires publiés vendredi, l'ex-parti unique de Guinée-Bissau, le
PAIGC, qui a dominé la vie politique depuis l'indépendance en 1974, a
remporté sans surprise le scrutin avec 67 sièges sur 100. Les résultats
définitifs doivent être proclamés mercredi.
L'Union africaine (UA) a
"par avance" rejeté
"toute tentative de prise de pouvoir par la force" dans cette ancienne colonie portugaise, classée parmi les pays les plus pauvres du monde et très instable politiquement.A
Bissau, l'opération a été menée par un groupe de militaires qui a
attaqué vers 3 heures du matin des éléments de la police d'intervention
rapide chargés depuis la tentative de coup d'Etat du 6 août de la
sécurité du chef de l'Etat.Deux heures plus tard, des
"coups de feu" ont été entendus près de la caserne de Mansoa (70 km de la capitale), une des plus importantes du pays, selon des témoins.
"Nous avons enregistré un mort du côté des assaillants et plusieurs blessés dans nos rangs"lors de l'attaque de la résidence présidentielle, a indiqué, sous
couvert d'anonymat, un responsable au ministère de l'intérieur
bissau-guinéen.
"Nous avons réussi à arrêter plusieurs militaires", a ajouté ce responsable.La situation était
"sous contrôle" dimanche matin et la zone où habite le chef de l'Etat est
"entièrement quadrillée par nos éléments", selon une source à l'état-major de l'armée.
"Un groupe de militaires a tenté la nuit dernière de s'emparer d'un
dépôt d'armes dans la résidence du président. Il y a eu des échanges de
tirs", a expliqué ce responsable, s'exprimant sous couvert d'anonymat.
"Trois militaires ont été arrêtés parmi les assaillants, mais le reste
a réussi à s'enfuir en emportant une importante quantité d'armes, dont
des lance-roquettes", a-t-il poursuivi. Il a confirmé au moins un mort, sans préciser s'il s'agissait d'un assaillant ou non.Dès
le début des troubles, le président bissau-guinéen a téléphoné à son
homologue et voisin, le chef de l'Etat sénégalais, Abdoulaye Wade, qui
a alerté la communauté internationale.
"Il y a eu une mutinerie. Le
président bissau-guinéen a appelé le président Wade pour l'informer que
des soldats avaient ouvert le feu sur sa résidence", a indiqué à l'AFP le porte-parole du chef de l'Etat sénégalais El Hadji Amadou Sall. En début de matinée, la
"situation était apparemment maîtrisée", a-t-il ajouté.