Rama Yade, secrétaire d’État chargée des Affaires étrangères et des droits de l’Homme
«Vous en trouverez toujours pour renoncer à ce beau combat» des Droits de l’homme a lancé la secrétaire d’Etat. Plus tôt, Bernard Kouchner remettait en cause l'existence de ce poste ministériel.
Attaquée ce matin dans la presse par son ministre de tutelle, Bernard Kouchner, Rama Yade se défend. Elle a profité d’un discours au Quai d’Orsay pour la remise du Prix des droits de l’Homme de la République française –
attribué à cinq femmes – pour répondre, entre les lignes, au ministre des Affaires étrangères, qui
«pense» avoir
«eu tort de demander un secrétariat d’Etat aux Droits de l’homme. C’est une erreur».
«Vous en trouverez toujours pour renoncer à ce beau combat», a lancé Rama Yade, sans citer une seule fois Kouchner dans un discours retouché à la dernière minute et commencé avec une demi-heure de retard. «
Ceux-là ont le droit d'être dans le renoncement, je suis prête avec vous à reprendre le flambeau», avertit-elle, tout en rappelant ses
«70 déplacements faits à travers le monde», pour mieux souligner le travail accompli.
Aux premières phrases de son discours, la secrétaire d’Etat ne semble pas dans son meilleur jour. Elle bute sur les mots à plusieurs reprises.
Son ton est empreint d’une certaine tension, voire d’émotion, avant de se reprendre. Car c’est peut-être sa place au sein du gouvernement et l’existence de son secrétariat d'Etat qui est en jeu.
Utilisant un vocabulaire presque guerrier, Rama Yade affirme que
«le combat n’est pas terminé, et que la lutte (pour les droits de l'homme) continue». Si elle reconnaît que
«c’est difficile certes», et que
«personne n'est assez naïf pour croire que la politique étrangère se construit uniquement sur des valeurs», elle prévient :
«En politique, comme en diplomatie, on n’accomplit rien sans ferveur ni conviction»,
«on ne construit jamais rien sur le renoncement»...
Et ajoute,
«pour moi, et pour le Président de la République (…) la France n’est pas la France sans les valeurs». Manière de mettre Sarkozy devant ses contradictions, s’il supprime son secrétariat d’Etat.
«Les droits de l'homme font partie de l'identité profonde de la France. Le président Sarkozy l'a rappelé avec force et conviction hier à l'Elysée [lors de la remise d'un rapport sur la crise au Zimbabwe]
», a judicieusement souligné Rama Yade. Et de s'en remettre à sa décision.
«C’est le Président qui en décidera», précise-t-on d’ailleurs du côté du Quai d’Orsay.
Elle prend également les Français à témoin :
«[Ils] savent que les Droits de l’homme servent à quelque chose.» Mais si Rama Yade rappelle aussi que
«l’art diplomatique n’est pas seulement celui de régler des rapports de forces ou d’intérêts», la politique – et son avenir au sein du gouvernement – n’y coupera pas.