L'infirmière de l'hôpital
Saint-Vincent-de-Paul soupçonnée d'avoir causée la mort d'Ilyès, un
enfant de 3 ans, en raison d'une erreur de perfusion, a été mise en
examen, vendredi 26 décembre, pour "homicide involontaire" et
placée sous contrôle judiciaire avec interdiction provisoire d'exercer.
Cette jeune femme de 35 ans est sortie livide du cabinet de la juge Marie-Odile Bertella-Geffroy.
Elle était accompagnée du directeur de l'hôpital et d'un psychiatre et
entourée de ses parents. Son avocate n'a pas souhaité s'exprimer.
L'infirmière avait été déférée dans l'après-midi au pôle santé
publique du tribunal de Paris pour y être présentée à la juge
d'instruction. Celle-ci n'a retenu à son encontre qu'"une simple négligence, imprudence ou inattention",
a indiqué une source proche du dossier. Le parquet, qui avait ouvert en
fin d'après-midi une information judiciaire, avait requis son placement
sous contrôle judiciaire avec interdiction de se rendre à l'hôpital
Saint-Vincent-de-Paul et d'entrer en contact avec les personnels. La
juge a retenu ces demandes, allant au-delà en interdisant
provisoirement à la jeune femme d'exercer sa profession.
"AUCUNE CONCLUSION MÉDICALE NE PEUT ÊTRE ÉTABLIE" La
victime, un petit garçon prénommé Ilyès, avait été conduit mercredi par
ses parents au service pédiatrique de l'hôpital pour une angine.
L'enfant est décédé à 20H45 en réanimation après une subite aggravation
de son état. L'infirmière a reconnu lui avoir administré par erreur une
perfusion du chlorure de magnésium au lieu d'un sérum glucosé destiné à
le réhydrater, ce qui pourrait avoir provoqué un arrêt cardiaque. Il
s'agit d'une soignante expérimentée qui exerce depuis onze ans, dont
quatre dans l'établissement, a précisé une source judiciaire.Selon
une source proche de l'enquête, les deux flacons étaient extrêmement
ressemblants avec un même bouchon et une même étiquette bleus même si
les inscriptions, B46 pour l'un, et Chlorure de magnésium pour l'autre,
étaient dissemblables. Et, surtout, le flacon de Chlorure de magnésium
n'était pas à sa place. Il n'aurait jamais dû se trouver là, a-t-on
affirmé de même source. L'enquête judiciaire devra notamment déterminer
le rôle exact du produit incriminé dans la mort de l'enfant. Le juge
devrait également chercher à savoir si l'enfant aurait pu être sauvé
après l'injection du produit. Selon le parquet, le chlorure de
magnésium n'est pas un produit dangereux en soi mais il pouvait l'être
pour un enfant de cet âge avec un goutte à goutte réglé sur la base du
produit initialement prévu. Toutefois, selon une source proche du
dossier, "aucune conclusion médicale ne peut être établie" pour le moment.Le
père du petit Ilyès a reproché à l'hôpital de ne pas avoir réagi assez
vite. L'alerte après le constat de l'aggravation de l'état du petit
Ilyès "a été donnée extrêmement rapidement" et "tout ce qui devait être fait a été fait", a répondu devant la presse Roselyne Vasseur,
coordinatrice générale des soins du groupe hospitalier
Cochin-Saint-Vincent-de-Paul (AP-HP). Dominique Giorgi, secrétaire
général de l'AP-HP, a pour sa part indiqué que "l'encadrement médical et paramédical était tout à fait adapté en ce 24 décembre".Jeudi, la garde à vue de l'infirmière avait été jugée "disproportionnée"
par plusieurs syndicats hospitaliers qui ont dénoncé une dégradation
des conditions de travail dans les hôpitaux du fait d'un manque
d'effectif. La ministre de la Santé a réagi vendredi sur Europe 1 en
regrettant "la récupération d'un drame aussi épouvantable". Elle a ensuite défendu, sur France Info, les moyens alloués à l'hôpital public.
"Je signale que, dans un contexte de crise économique, alors que nous
avons les dépenses hospitalières les plus élevées du monde (...), nous
allons faire un nouveau plan d'investissement de dix milliards d'euros", a plaidé la ministre, dénonçant les voix "extrêmement isolées" qui se font entendre depuis l'incident. "La polémique est surtout nourrie par la CGT. C'est une vision très politique de l'affaire", a-t-elle estimé.