C'est à des peines de prison extrêmement lourdes qu'on été condamnés, mercredi 07 janvier, neuf homosexuels sénégalais âgés de 24 à 26 ans selon les médias locaux. Les neufs jeunes hommes comparaissaient à la barre le mardi 6 janvier, pour "acte impudique et contre-nature et association de malfaiteurs" après leur arrestation à Mbao, une ville située dans la banlieue de Dakar, et détenus de façon préventive pendant deux semaines.
Les faits remontent au début du mois de décembre dernier à Mbao. Sur dénonciation anonyme, la police avait fait une descente dans une maison privée où un dîner était organisé. Neuf personnes, dont des membres d’une association
homosexuelle, avaient alors été arrêtées. Selon une source judiciaire, les accusés «
avaient été pris sur le vif, en plein ébats et en présence de photos pornographiques ».
Selon le journal sénégalais "l'Office" qui commentait l'affaire, les neufs jeunes appartenaient à une association de lutte contre le Sida sous le couvert de laquelle "ils se livraient quotidiennement à leurs activités malsaines" (sic). Le président de l'association, Diadji Diouf, ainsi que le secrétaire général Alassane Ba et les membres, Ibrahima Wade, Oumar Guèye, Mohamed Sow, Alioune Sarr Mbay élève, Sémou Ndiaye, Cheikh Oumar Tall, Elhadji Absa Mbaye étaient défendus par plusieurs avocats qui n'ont pas pu infléchir la justice sénégalaise.
Lors de l’audience, le procureur du tribunal de Dakar avait requis le maximum prévu par la loi, c'est-à-dire cinq ans de prison. Mais "à la grande surprise de l'assistance" selon les médias sénégalais, le juge qui conduisait le procès a eu encore la main plus lourde : les neuf inculpés ont été condamnés à huit ans de prison ferme et à une amende de
500 000 francs CFA (760 euros) chacun. il s'agit de la plus lourde peine jamais infligée au Sénégal contre des homosexuels. La condamnation pour "association de malfaiteurs" a dans le cas des neuf homosexuels alourdi la peine.
L'homosexualité est officiellement interdite au Sénégal, pays à 95% musulman.
Du côté des associations gay sénégalaises, on se dit «
découragé par cette nouvelle condamnation ». Interrogé par la BBC, le président d'une association de défense des droits des homosexuels au Sénégal qui s'exprimait sous anonymat, a déclaré :«
C’est discriminant ! Beaucoup de personnes ont déjà fui vers des pays voisins, car nos conditions de vie sont de pire en pire ».
L'un des quatre avocats des condamnés, Maître Issa Diop, a déclaré :«
il y a une volonté délibérée de sanctionner ces jeunes. Le juge a pratiquement criminalisé les faits », c'était la première fois que le système judiciaire sénégalais condamnait à des peines si lourdes des homosexuels, et il a ajouté qu'il ferait appel de la condamnation.
Khady Ndiaye, directrice exécutive nationale de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (Raddho) a déploré, depuis Dakar, cette condamnation et s’inquiète de la situation des homosexuels au Sénégal,
«
Nous déplorons l'homophobie de plus en plus grandissante au Sénégal ».
L'avocate camerounaise, Alice Nkom, suit particulièrement ces questions. Elle préside l'Association de défense des droits des homosexuels (ADEFHO). Au Cameroun, l'homosexualité reste pénalisée. Mais Alice Nkom ne s'attendait pas à ce que au Sénégal des peines aussi sévères soient prononcées. «
Quand j’ai entendu cette nouvelle ce matin,
je me croyais en Iran ou dans n’importe quel autre pays, mais certainement pas au Sénégal qui est un pays de liberté ! ».
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