Une unité nord-coréenne défile à Pyongyang, le 25 avril 2007, pour les 75 ans de la création de l'armée populaire coréenne.
La Corée du Nord a annoncé, mardi 24 février, qu'elle s'apprêtait à lancer une fusée Unha-2 afin de mettre en orbite un satellite de communication Kwangmyonsong-2 à partir du site de lancement de Donghae dans la province du Hamgyong du Nord.
Depuis deux semaines, les services de renseignements américains et sud-coréens redoutent un tir d'essai d'un missile de longue portée de type Taepodong 2 capable d'atteindre le nord des Etats-Unis.
Cette annonce intervient alors que le ministère de la défense à Séoul fait état dans son Livre blanc, publié le 23 février, d'un renforcement de capacités militaires conventionnelles de Pyongyang ainsi que de son arsenal en missiles à moyenne portée, qualifié de menace
"directe et sérieuse" pour la Corée du Sud.
Selon le Livre Blanc, la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a fait passer à 1,19 million le nombre de ses troupes et a augmenté de 60 000 hommes ses "forces spéciales", tirant
"la leçon de la guerre en Irak et en Afghanistan".
Les experts militaires étrangers font néanmoins valoir que la définition des "forces spéciales" (180 000 hommes aujourd'hui) est plus extensive en RPDC qu'en Occident.
RELATIONS TENDUES AVEC LA CORÉE DU SUDLe régime nord-coréen a en outre développé ses capacités en missiles à moyenne portée (3 000 kilomètres) qui peuvent atteindre Guam ou le Japon avec une charge de 650 kg. Ces missiles ont été détectés au cours d'une parade militaire à Pyongyang en 2007 mais c'est la première fois qu'ils sont déployés.
Selon le Livre Blanc, la RPDC a produit 40 kg de plutonium, – soit suffisamment pour cinq bombes atomiques. Les experts doutent néanmoins qu'elle dispose de la technologie pour fabriquer des têtes nucléaires.
Le renforcement du potentiel militaire nord-coréen annoncé par Séoul intervient alors que les relations inter-coréennes sont plus tendues qu'elles ne l'ont jamais été depuis une dizaine d'années. Pyongyang, courroucé par la politique du président Lee Myung-bak, plus intransigeante à son égard que celle de ses prédécesseurs, accuse Séoul de précipiter la péninsule au
"seuil de la guerre".
Selon
Jane's Defense Weekly des images satellites de la fin de la semaine dernière indiquaient des mouvements sur le pas de tir de missiles de Musudan-ri sur la côte orientale qui confirmeraient le lancement imminent d'un prototype de
missile balistique Taepodong 2 ou d'un propulseur Paekdusan 2 destiné à mettre un satellite sur orbite dans le cadre du programme spatial mené par le régime.
Des experts militaires étrangers font valoir qu'il n'y a pas de grandes nouveautés dans le Livre Blanc du ministère
de la défense par rapport au précédent (2006). En revanche, le climat inter-coréen est plus tendu et, de part et d'autre, aucun signe d'apaisement ne se fait jour.
Bien qu'en Corée du Sud, la gesticulation belliqueuse du Nord soit accueillie avec flegme par une population habituée aux flambées de tension, un accrochage dans les eaux dont la souveraineté est contestée sur la côte orientale de la péninsule, à hauteur de la ligne de démarcation entre les deux pays, n'est pas à exclure.