Le parachutiste français Michel Fournier a vu se
briser une nouvelle fois mardi son rêve de devenir le premier homme à
accomplir un "Grand saut" de 40 km d'altitude, son ballon s'étant
envolé sans sa nacelle dans le ciel de l'ouest canadien.
"C'est un grand coup de marteau et puis après on rebondit et on repart", a
déclaré à l'AFP Michel Fournier, 64 ans, assurant qu'il allait
poursuivre son rêve malgré les difficultés et qu'il envisageait une
nouvelle tentative dès le mois d'août encore dans les prairies de la
Saskatchewan, dans l'ouest canadien.Les conditions météo étaient
parfaites très tôt mardi, le planning respecté à la lettre, le ballon
géant gonflé de 600.000 mètres cubes d'hélium avait pris ses formes et
le décollage de la nacelle de Michel Fournier n'était plus qu'une
question de minutes.Mais le ballon géant a quitté le tarmac de
l'aérodrome de North Battleford peu après 05H07 du matin heure locale
(11H07 GMT) sans la nacelle dans laquelle Michel Fournier se trouvait
depuis près de trois heures.Le ballon est lié à la nacelle pour
une chaîne de vol comprenant notamment trois parachutes devant ramener
la capsule au sol après le saut du parachutiste. Ces trois parachutes
sont liés à des coupe-câbles dont la fonction est de rompre, après le
saut, le lien entre le ballon et la nacelle.Or l'un de ces
coupe-câbles s'est déclenché quelques instants avant le décollage, a
expliqué en fin de journée l'équipe de Michel Fournier qui ignore
toujours les raisons précises de ce déclenchement au mauvais moment."C'était
un lancement parfait mais malheureusement un problème est survenu au
dernier moment", a déclaré le directeur du lancement, le Canadien Dale
Sommerfeldt. Le coût de l'opération ratée se chiffre à 650.000 euros -
un million de dollars américains - dont 250.000 euros pour le ballon
qui ne peut être réutilisé.Sa nacelle tournant le dos au ballon
stratosphérique, le parachutiste français n'a pas pu voir immédiatement
le ballon se décrocher et l'a soudain découvert s'élevant dans le ciel
de la Saskatchewan."J'étais heureux, j'étais certain, toutes les
conditions étaient là, le ballon, la grosse bulle, tout était beau et
puis je vois passer le ballon devant moi...", dit-il avec regret.Après
l'incident, Michel Fournier est descendu de sa nacelle et a regagné le
hangar de l'aérodrome en montrant du doigt le ballon qui avait des
allures de méduse géante égarée dans le ciel.Ce nouvel échec a
donné lieu à des railleries, notamment sur internet, mais le principal
intéressé a affirmé ne "pas prêter le flanc à ces attaques".Le
parachutiste tentait d'établir quatre records du monde: celui de la
vitesse en chute libre (1.500 km/h), de la durée de la chute libre, de
l'altitude du saut, ainsi que de l'altitude de vol humain sous un
ballon.Au-delà de l'exploit qu'il cherchait à accomplir avec une
grande détermination, Michel Fournier espérait pouvoir démontrer qu'il
serait possible pour des astronautes de s'éjecter en cas de problèmes
au décollage, apportant ainsi une importante contribution à la sûreté
des vols stratosphériques de l'avenir.Il avait déjà dû reporter
la réalisation de son rêve en 2002 en raison des conditions
météorologiques et en 2003 à la suite d'une déchirure de la toile du
ballon stratosphérique peu avant le départ.Cette fois, une
première tentative lundi avait dû être reportée en raison de vents trop
forts risquant de compromettre la montée du ballon, qui devait prendre
plus de deux heures.M. Fournier, qui a plus de 8.600 sauts à son
actif et détient le titre français du plus haut saut en parachute à
12.000 mètres, voulait battre le record de l'Américain Joseph Kittinger
qui avait sauté en 1960 de 31.333 mètres dans le cadre d'une expérience
médicale.Le Grand Saut