« Diaspora béninoise ». « Béninois de
l’extérieur ». Comme qui dirait, c’est du pareil au même. Le Bénin
n’est pas qu’au Bénin et nos frères, nos sœurs avec lesquels nous
partageons la même citoyenneté nationale, mais par-dessus tout le même
amour du pays et pour le pays ont essaimé le vaste monde, marquant leur
présence au quatre coins de la planète.
On peut ne pas
savoir très exactement où l’on va, poussé ou précipité que l’on est sur
les routes plurielles du monde. Mais si l’on devait oublier les
sentiers qui mènent chez soi, à sa maison, à son terroir, à sa terre,
on serait un aliéné intégral, étymologiquement, celui qui est devenu
étranger à lui-même, c’est-à-dire quelqu’un qui est atteint de trouble
mental, pour tout dire, un fou.
La diaspora béninoise, forte
de trois millions d’âmes, n’est pas à envoyer dans un hôpital
psychiatrique. Mais la diaspora béninoise est à renforcer et à
accompagner au mieux dans son sentiment d’appartenance à une communauté
nationale fière de ses fils et de ses filles devenus, sans
accréditation il est vrai, ses meilleurs ambassadeurs auprès de tous
les peuples de la terre.
Parce que les Béninois de
l’extérieur, à la différence de la plupart de leurs frères et sœurs des
autres pays africains, sont à situer et à classer, en tant qu’émigrés,
dans le haut de gamme. Ils sont, en effet, dans leur immense majorité,
des gens hautement qualifiés, des cadres de haut niveau appartenant à
toutes les branches socioprofessionnelles, de l’ingénieur au
professeur, du médecin à l’architecte.
Avant que, en
France par exemple, l’immigration à la Sarkozy ne les choisisse, ces
Béninois et ces Béninoises de l’extérieur ont choisi eux-mêmes leur
patrie d’élection, inventant parfois une manière bien béninoise d’être
citoyen du monde.
Ce socle sentimental sur lequel la
diaspora béninoise a prioritairement établi sa relation avec la mère
patrie mérite d’être entretenu et d’être consolidé. Le cœur, dans les
relations humaines, n’est jamais une donnée banale. Joseph Joubert le
dit à sa façon (citation) : « La raison peut nous avertir de ce qu’il
faut éviter, le cœur seul nous dit ce qu’il faut faire » (fin de
citation).
Et Dieu sait que nos frères et nos sœurs de
l’extérieur rêvent de faire beaucoup pour leur pays. Ils rêvent d’abord
d’un Bénin un peu à l’image des pays où ils ont choisi de poser leurs
bagages de pèlerins sur les routes du monde. Ne dit-on pas que la
maison, c’est là où nos pieds nous conduisent ? Il y a donc chez tous
Béninois de l’extérieur une quête têtue du Bénin, un besoin
inextinguible de la mère patrie, comme s’ils ne s’en étaient éloignés
que pour mieux s’en rapprocher.
Il faut rendre les Béninois
de l’extérieur présents à leurs pays et tout devrait tenir pour eux en
cette seule et unique proposition. Mais quoi faisant ? Des mots nous
viennent, immédiatement, à l’esprit : organisation, représentation,
participation, action de développement. L’un et l’autre mot
s’additionnent et se complètent pour arrimer définitivement les
Béninois de l’extérieur à leur pays, dans la complémentarité, la
solidarité et la complicité des mains surgies de toutes parts autour de
la jarre trouée.
L’organisation appelle des structures
opérationnelles pour gérer aussi bien les rêves, les visions, les
aspirations, les ambitions des Béninois de l’extérieur, partout où ils
se trouvent sur la surface de la terre. Nous aurons besoin de les
recenser, de les approcher, de les accompagner. Peu importe que les
structures pour ce faire prennent la dénomination d’un Haut Conseil des
Béninois de l’extérieur ou portent les attributions d’un département
ministériel. L’essentiel est de voir ces structures remplir au mieux
leur mission, en enregistrant des résultats palpables et tangibles.
La
participation appelle tous les Béninois de l’extérieur, où qu’ils se
trouvent dans le monde, à exercer leur devoir civique en désignant, à
travers tous les scrutins, sans en excepter un seul, les représentants
de l’Etat et de la nation. Ce qui corrigerait la formule actuelle. La
plupart de nos frères et sœurs de l’extérieur ne s’y retrouvent pas
tout à fait. Soit qu’ils ne sont pas consultés, comptant pour quantités
négligeables. Soit qu’ils ne sont pas sollicités pour tous les
scrutins, comptant pour des citoyens de seconde zone.
La
représentation appelle la présence effective de Béninois de l’extérieur
dans les différentes institutions de l’Etat, du gouvernement à
l’Assemblée nationale, du Conseil économique et sociale à la Haute
Autorité de l’audiovisuel et de la communication. Une telle
représentation, par sa hauteur et sa qualité, renforcera le sentiment
d’appartenance de la diaspora béninoise, qui, face aux affaires du
pays, ne se sentira pas seulement concernée, mais impliquée.
L’action
de développement appelle des facilités, sans toutefois fausser le jeu
de la libre entreprise, pour soutenir et promouvoir toute initiative de
développement des Béninois de l’extérieur. Soit que, depuis leur pays
d’accueil, ils veulent investir au Bénin. Soit que, au terme de leur
séjour à l’étranger, ils veulent se refaire et se réaliser au Bénin.
Le
Bénin est partout présent dans le monde à travers les Béninois de
l’extérieur. La distance ne saurait être un obstacle à l’unité des
cœurs et des esprits. Les Béninois d’ici et d’ailleurs ont en partage
le même pays, donc un immense patrimoine commun. Nous sommes d’une même
famille, nous rappelle un proverbe malgache : fouillez la terre, c’est
la même souche ; ramassez le tout, c’est la même corbeille.