Battue à deux reprises par Serena en finale de Wimbledon (2002 et 2003), Venus Williams
a pris sa revanche samedi sur sa cadette en s'imposant, après près de
deux heures de jeu, en deux manches (7-5, 6-4). L'Américaine remporte
son cinquième titre dans le temple du tennis et sa septième victoire
dans un tournoi du Grand Chelem. Serena aura l'occasion de se consoler
en double au côte de sa soeur... Entre les soeurs Williams, il fallait une gagnante. C'est Venus qui l'a emporté face à Serena. (Reuters)Richard Williams avait anticipé la situation. Trop de stress en
perspective... D'habitude si proche de sa progéniture, le paternel a
préféré s'installer sur le canapé familial aux Etats-Unis, abandonnant
vendredi femme et enfants à Londres pour suivre samedi la finale de
Wimbledon entre ses filles à plusieurs milliers kilomètres du Centre
Court. Serena, 26 ans, et Venus, 28 ans, ne se sont pas privées de
jouer avec les nerfs de leur mentor et entraîneur, lequel a
certainement assisté à l'une des plus belles finales entre ses deux
championnes, qui compilent à elles deux 15 titres du Grand Chelem.
Entre la longiligne Venus et l'athlétique Serena, le match a tourné en
faveur de la première qui, depuis trois ans, a refait du gazon
londonien son jardin. Battue à deux reprises (2002 et 2003) par sa
cadette au coeur de leur domination sur le circuit féminin (cinq
finales communes d'affilée dans les tournois du Grand Chelem entre
Roland-Garros 2002 et Wimbledon 2003) avant que le décès tragique de
leur aînée, Yetunde, ne les détourne partiellement du tennis, Venus
soulève pour la cinquième fois de sa carrière le plateau d'argent dans
le temple du tennis. Elle rejoint ainsi dans le cercle très fermé des
quintuples lauréates du All England Court des joueuses aussi
prestigieuses que Suzanne Lenglen (six titres dans les années 20),
Helene Wills (huit dans les années 20-30), Billie Jean King (six titres
dans les années 60-70), Steffi Graf (sept) et la détentrice du record
de succès, Martina Navratilova (neuf).
Deux boxeuses sur le ringSous les yeux de leur mère, Venus et Serena entament leur neuvième
finale fratricide sur le circuit WTA, leur septième dans un tournoi du
Grand Chelem, de façon diamétralement opposée. Tendue, la première, qui
peut nourrir un petit complexe d'infériorité auprès de sa soeur après
avoir perdu cinq de leurs six précédentes confrontations à ce niveau
mais également leurs trois précédentes à Wimbledon, abandonne d'entrée
son service à Serena. Cette dernière s'appuie comme depuis le début de
la quinzaine sur son service et sa puissance de frappe en fond de court
pour neutraliser son aînée. Il faut attendre le huitième jeu pour que
Venus, décidée à se montrer plus mordante offensivement en déployant
ses ailes au filet, se procure ses premières balles de break. La
seconde est la bonne pour recoller à 4-4. Alors que l'on se dirige vers
un tie-break dans cette première manche, les deux joueuses se rendant
coup pour coup comme deux boxeuses sur un ring, Serena se montre alors
fébrile à l'heure d'égaliser à 6-6 et offre sur trois fautes directes
le gain du premier set à sa soeur, une première pour la cadette qui
n'avait pas encore perdu la moindre manche depuis son entrée dans le
tournoi.
Consciente de devoir réagir rapidement, Serena serre le jeu d'entrée de
deuxième set, s'appuyant sur la qualité de son retour pour contrer le
service de sa soeur. Après sept balles de break, elle parvient enfin à
prendre l'engagement de son adversaire au terme d'un troisième jeu
extrêmement disputé, témoin d'une finale plus accrochée qu'Elena Dementieva
et d'autres pouvaient bien penser. Mais, en moins de temps qu'il n'en a
fallu à sa cadette, Venus reprend son bien dans la foulée pour virer en
tête. Une nouvelle fois tenue de garder son service pour rester en vie
dans ce match, Serena, finalement moins solide mentalement que sa
soeur, craque... Après 1 heure et 51 minutes de jeu, Venus lève les
bras avant d'embrasser sa soeur. Une accolade qu'elles renouvelleront
quelques heures plus tard sur le Centre Court au terme de la finale du
double. Avec un titre en forme de consolation pour Serena ?