Malgré la colère de Moscou, Pologne et Etats-Unis signent leur accord sur un bouclier antimissileLa Pologne et lesEtats-Unis ont solennellement signé, mercredi 20 août, à Varsovie, un
accord prévoyant l'installation d'éléments du bouclier antimissile
américain sur le sol polonais. Le texte, ratifié par la secrétaire
d'Etat américaine, Condoleezza Rice, et son homologue polonais,
Radoslaw Sikorski, prévoit, à l'horizon 2012, l'installation par les
Etats-Unis en Pologne de dix intercepteurs capables de détruire en vol
des missiles balistiques à longue portée, couplés à un puissant radar
implanté en République tchèque. Ces nouveaux éléments complèteront un
système déjà en place aux Etats-Unis, au Groenland et au Royaume-Uni.
"Cela va nous aider à contrer les nouvelles menaces du XXIe siècle, des menaces de missiles à longue portée de pays comme l'Iran ou la Corée du Nord, a répété à Varsovie Condoleezza Rice.
C'est un système défensif qui n'est pointé contre personne." Si le projet américain a reçu en avril l'appui unanime des pays de l'OTAN, il a suscité de
nombreuses protestations de la Russie ces derniers mois.
"L'installation de nouvelles forces antimissile en Europe a pour cible la Fédération de Russie", affirmait ainsi le président russe, Dmitri Medvedev, la semaine dernière.
"Le moment a été choisi", a-t-il dit, laissant entendre que les Etats-Unis et la Pologne comptaient répondre ainsi à l'intervention russe en Géorgie.
"La Pologne s'expose à être frappée" avait souligné le chef adjoint de l'état-major russe, immédiatement après l'annonce de l'accord.
"PERSONNE NE PEUT DICTER À LA POLOGNE CE QU'ELLE DOIT FAIRE"Même
si les dirigeants américains et polonais répètent que le bouclier n'est
aucunement dirigé contre la Russie, la signature de l'accord en pleine
crise géorgienne sonne comme un avertissement.
"Personne ne peut dicter à la Pologne ce qu'elle doit faire",
avait déclaré le président Kaczynski, dans un discours télévisé mardi
soir. Plus diplomatiquement, M. Sikorski a proposé à la Russie
d'inspecter la future base américaine pour vérifier qu'elle n'est pas
dirigée contre elle.La Pologne et les Etats-Unis s'accordent à
reconnaître que le conflit entre la Russie et la Géorgie a joué en
faveur d'une conclusion des négociations, qui étaient engagées depuis
quinze mois. Elle a également permis au gouvernement de mieux faire
passer cette implantation, jusqu'à présent impopulaire en Pologne.
Selon un sondage, 58 % des Polonais approuvent désormais le bouclier
contre 37 % qui y sont opposés.