09/09/2008 |
Nicolas Sarkozy et Dmitri Medvedev, lundi à Moscou.
«On s'en va. Ce n'est pas négociable», aurait lancé le président français
aux négociateurs russes, selon plusieurs sources, qui révèlent les
dessous d'une discussion houleuse. Voilà quatre heures que les délégations russes et européennes discutent à
Moscou, lundi, de l'application de l'accord de paix en Géorgie signé en
août, quand l'incident survient. Le président Medvedev s'est absenté,
mais les négociateurs russes annoncent qu'ils souhaitent supprimer une
partie de l'accord qui stipule que leurs forces doivent se retirer sur
«leurs positions antérieures au début des hostilités». Coup de
sang : de Nicolas Sarkozy. Selon plusieurs sources, le chef de l'Etat
se lève et dit «on s'en va. Ce n'est pas négociable, nous ne pouvons
pas accepter l'invasion d'un pays indépendant». Et d'ajouter : «les
retrait des forces russes sur leurs positions du 7 août, c'est notre
ligne rouge». La délégation russe retourne alors chercher
Dmitri Medvedev, qui «appelle au calme». La discussion peut reprendre.
Et la délégation européenne annoncer à la fin de la nuit qu'elle a
obtenu des Russes l'engagement d'un retrait de leurs troupes de Géorgie d'ici un mois. Elles resteront en revanche stationnées dans les provinces autonomistes géorgiennes d'Ossétie du Sud et d'Abkhazie.
L'UE prête à «tirer toutes les conséquences» Nicolas Sarkozy et la délégation européenne, conduite par le président de la
Commission Jose Manuel Barroso, sont partis de Moscou dans la nuit pour
la capitale de la Géorgie, Tbilissi. Ils y ont réitéré leur soutien au
président Saakachvili. «La Géorgie peut compter sur la solidarité et
l'engagement déterminé de l'Union européenne dans ces heures
difficiles. «L'Union européenne et ses 27 Etats membres, ses
institutions, parlent et agissent d'une façon ferme, unie», a assuré
Jose Manuel Barroso, précisant que 200 observateurs de l'UE seraient
déployés en Géorgie d'ici au 1er octobre, «dans le cadre des mandats de
l'OSCE et de la Monug (la Mission des Nations unies en Géorgie, ndlr)».
Et Nicolas Sarkozy de prévenir : «Le 15 octobre, il ne doit pas
y avoir un seul soldat russe qui soit sur des positions qui n'étaient
pas celles où (les troupes) se trouvaient avant le 7 août. Soit c'est
fait et dans ce cas là chacun a respecté sa parole. Soit ce n'est pas
fait et alors cinq jours plus tard, l'Europe en tirera les
conséquences». Autre promesse, celle d'une «conférence des donateurs»
pour aider la Géorgie, qui devrait se tenir «en octobre», sous l'égide
notamment du FMI et de la Banque Mondiale. De son côté, le
président Saakachvili a signé une lettre dans laquelle il réitère «son
engagement à respecter l'accord» du mois d'août qui exclut le recours à
la force, condition posée par Moscou par un retrait de ses troupes du
territoire géorgien.