Il s'en est fallu de peu ! De seulement
431 voix, que la super-favorite, Tzipi Livni, soit battue par son plus
proche rival, Shaul Mofaz, lors des primaires de Kadima (En avant),
mercredi 17 septembre. Pourtant, les sondages de sortie des urnes
donnaient en soirée dix points d'avance à la ministre des affaires
étrangères face à l'ancien chef d'état-major de l'armée.
Mme Livni avait, par une sorte d'intuition, demandé la prolongation
du scrutin d'une demi-heure, sentant peut-être que ces trente minutes
supplémentaires lui seraient favorables. Car le taux de participation a
été faible. Seulement 53,7 % des adhérents de Kadima se sont rendus
dans les bureaux de vote. Les deux autres candidats, Meir Sheetrit et
Avi Dichter, n'ont recueilli respectivement que 8,5 % et 6,5 % des
suffrages.Cette abstention importante et la faible marge qui a
permis à Tzipi Livni de l'emporter fragilisent sa victoire. N'ayant
recueilli que 16 936 voix, soit 43,1 %, contre 16 505 bulletins à son
adversaire, soit 42 %, elle va devoir batailler sur deux fronts.
D'abord rassembler les forces de Kadima qui, à l'issue du scrutin,
apparaissent divisées et plus que limitées. Ce qui démontre que cette
formation centriste issue de la scission du Likoud effectuée par Ariel
Sharon en novembre 2005 a du mal à survivre à son père fondateur.Au soir de sa victoire, Mme Livni a eu beau dire qu'elle avait démontré qu'
"il y avait une autre manière de faire de la politique", que
"Kadima en avait fait la preuve", il lui faudra user de beaucoup de ténacité et de persévérance pour regrouper les forces de plus en plus éparses de Kadima.Le
second front sur lequel cette héritière de la droite nationaliste
israélienne devra guerroyer ferme sera la très difficile constitution
d'un gouvernement pour succéder à Ehoud Olmert. La tâche aurait sans
doute été plus facile pour Shaul Mofaz. Elle a déclaré vouloir y
parvenir
"le plus vite possible". Elle dispose de quarante-deux jours, dès que le président Shimon Pérès lui aura confié cette mission.
OLMERT DEVRAIT DÉMISSIONNER DIMANCHE MAIS ASSURER L'INTÉRIMMais
des réticences se sont déjà manifestées parmi les membres de la
coalition conduite par Ehoud Olmert puisque le parti religieux Shass
(12 députés) a décidé de faire payer le prix de son ralliement : pas
question de négocier le statut de Jérusalem avec les Palestiniens. En
revanche, la nouvelle patronne de Kadima pourra sans doute compter sur
le soutien du Meretz (gauche, 4 sièges) et sur certains partis arabes
israéliens mais cela ne sera pas suffisant pour former une majorité de
61 députés sur 120 à la Knesset (Parlement).Tzipi Livni sait
parfaitement qu'elle a tout intérêt à parvenir à former un
gouvernement. D'abord, parce qu'elle a besoin de temps pour asseoir son
autorité et faire ses preuves. Ensuite, parce qu'en retardant au
maximum les élections générales qui ne doivent avoir lieu normalement
qu'en 2010, elle a plus de chances de ressouder Kadima et de battre son
principal rival, le leader du Likoud, Benyamin Nétanyahou, favori de
tous les sondages.Enfin, celle qui fut jusqu'à présent la
responsable des négociations avec les Palestiniens souhaite disposer de
temps supplémentaire pour les mener à bien. Des élections anticipées
aboutiraient à un gel des pourparlers, sinon à un enterrement en cas de
victoire du Likoud. La victoire de Mme Livni a d'ailleurs été
accueillie favorablement par les dirigeants palestiniens et notamment
par Ahmed Qorei, son homologue.Sa courte victoire acquise, il
faudra donc à Tzipi Livni franchir un nouvel obstacle pour devenir la
deuxième femme à accéder au pouvoir en Israël après Golda Meir. Ehoud
Olmert devrait démissionner, dimanche, de ses fonctions, lors du
conseil des ministres, et assurer l'intérim jusqu'à la formation du
gouvernement Livni. En cas d'échec, il pourrait se maintenir au pouvoir
jusqu'aux élections anticipées qui doivent avoir lieu dans un délai de
quatre-vingt-dix jours.