Les places
boursières mondiales ont essuyé, mercredi 17 septembre, pour le
troisième jour consécutif, de sévères pertes, inquiètes des menaces qui
pèsent sur plusieurs établissements financiers, nouvelles victimes
potentielles de la crise.
Le sauvetage historique de l'assureur AIG,
grâce à une aide de 85 milliards de dollars de la Réserve fédérale
américaine (Fed), avait pourtant commencé à rassurer les marchés :
l'annonce officielle du rachat avait permis à Wall Street de finir dans
le vert mardi soir et aux places européennes d'ouvrir à la hausse
mercredi matin. Mais Paris a finalement connu mercredi sa plus forte
baisse depuis plus de trois ans, pendant que la Bourse de New York
s'enfonçait dans le rouge : vers 20 heures (heure de Paris), le Dow
Jones perdait 3,31 % et le Nasdaq 4,12 %.
En clôture, le CAC 40 a plongé de 2,14 %, se maintenant tout
juste au-dessus des 4 000 points (à 4 000,11 points), plombé par la
chute des valeurs financières en fin de séance : BNP Paribas a
perdu 3,27 %, Crédit agricole 2,52 %, Dexia
5,65 % et Société générale 2,86 %. Le Footsie 100 à Londres finit à -
2,25 %, le DAX à Francfort à - 1,75 %. Les marchés russes ont
enregistré, eux, leur pire déclin depuis au moins
une décennie, poussant les deux Bourses de Moscou à suspendre leurs
cotations à la mi-journée.
FUTURES VICTIMES Mercredi, de nouveaux "maillons faibles" sont apparus, au premier rang desquels le groupe
bancaire Halifax Bank of Scotland (HBOS), dont le cours de Bourse s'est
effondré depuis le début de la semaine, et la banque américaine
Washington Mutual.
Jusqu'à l'an dernier, HBOS, issu de la fusion en 2001 de
la Bank of Scotland, plus ancienne banque de détail britannique, et de
Halifax, numéro un des crédits immobiliers en Grande-Bretagne, était
l'incarnation du sérieux et de la solidité, et l'une des toutes
premières banques du Royaume-Uni. Mais la crise du crédit a plongé HBOS
dans la tourmente, alimentée par ses besoins
importants en liquidités et sa forte exposition à un marché immobilier
britannique en plein marasme. La banque a confirmé, mercredi, une
information de la BBC indiquant qu'elle était sur le point d'être
rachetée par sa rivale Lloyds TSB, avec la bénédiction du gouvernement, les
autorités étant prêtes à faire une exception aux règles sur la
concurrence pour sauver le groupe en difficulté.
Comptant parmi les banques les plus exposées au secteur immobilier,
Washington Mutual est malmenée en Bourse depuis plusieurs semaines.
Mardi, le titre ne valait plus que 2,15 dollars, soit un plongeon de 85
% par rapport au début de l'année. Selon le
New York Post,
les autorités de régulation bancaire s'activeraient pour trouver un
repreneur à la grande banque de Seattle et auraient pris contact avec
plusieurs institutions financières, dont Wells Fargo, JP Morgan Chase
et HSBC.
LA CRISE COÛTERAIT 1 000 MILLIARDS DE DOLLARS"La crise financière est toujours aussi violente et la fin n'est pas en vue, ce qui ne manque pas de nous causer des soucis", a
déclaré mercredi Jean-Claude Juncker, président de l'Eurogroupe, après
l'annonce du sauvetage d'AIG. Le pire de la crise financière est
peut-être encore à venir et d'autres grands noms de la finance
pourraient se retrouver prochainement dans une
"situation difficile",
a
renchéri Dominique Strauss-Kahn, directeur général du Fonds monétaire
international. Il a confirmé la prévision de l'institution selon
laquelle la crise financière coûterait 1 000 milliards de dollars. Les
Etats-Unis ont, pour leur part, déjà déboursé 900 milliards de dollars
cette année en mesures de sauvetage. Dans un communiqué en fin de
journée, le président du FMI a ajouté que la crise actuelle
représentait
"un risque potentiel supplémentaire pour les perspectives" de la croissance économique mondiale en 2009.