C'est un reportage qui fait grand bruit, dans une
Martinique en pleine crise sociale, en grève depuis huit jours "contre la vie
chère". Diffusé vendredi 6 février par Canal+,
Les Derniers
Maîtres de la Martinique, est un reportage de
Romain Bolzinger sur les héritiers
blancs des premiers colons installés sur l'île avant la
Révolution Française.
Alain Huygues-Despointes, un des "békés" interrogés, regrette que les
historiens ne s'intéressent pas
"aux bons côtés de l'esclavage" et
explique
"vouloir préserver sa race". "Quand je vois des familles métissées
avec des Blancs et des Noirs, les enfants naissent de couleurs différentes, il
n'y a pas d'harmonie", déclare-t-il.Dans un communiqué en date du 2 février, envoyé à toutes les rédactions
locales, M. Despointes affirme que ses propos ont été
"sortis de leur
contexte" et qu'ils ne reflétaient
"en rien ses convictions
profondes" sur l'esclavage,
"un passé honni". Il présente aussi
ses
"sincères regrets" à ceux qui ont été
"blessés".
"PARFAITEMENT IGNOBLES"Pour autant,
Yves
Jégo, le secrétaire d'Etat à l'outre-mer, a jugé jeudi
"parfaitement
ignobles" ces propos.
"On a des lois qui interdisent ce genre de choses
dans la République", a souligné Yves Jégo sur Europe 1, ajoutant que le parquet de Martinique avait ouvert
une information judiciaire pour
"apologie de crime contre l'humanité et
incitation à la haine raciale."Sur son site Internet, le quotidien
Le Parisien met en évidence une autre conséquence des
propos de l'entrepreneur : le déménagement du préfet
Ange Mancini, qui a a quitté son
logement - appartenant à la famille Despointes - pour s'installer à l'hôtel.
Dans le même temps, des gendarmes ont été déployés au Cap-Est, la principale
zone de résidence des békés – estimés entre 1 % et 2,5 % de la population
martiniquaise.
"IL Y A DES BÉKÉS AU CHÔMAGE"Les manifestations d'hostilité contre les békés se multiplient : des appels
au boycott, circulant sur Internet et par SMS, ont été lancés contre des
produits commercialisés par leurs enseignes.
"La Martinique est à nous, la
Martinique c'est pas à eux" est l'un des slogans des manifestants qui
campent toute la journée sous les fenêtres de la préfecture, promettant à cette
"bande de profiteurs et voleurs" de
"les mettre dehors".
Dans
France Antilles, mercredi
, deux membres de la
famille Hayot, une autre famille békée, se désolidarisent totalement des
déclarations de M. Huygues-Despointes, affirmant ne pas
"se reconnaître dans
ce qui a été dit". Également interrogé par le quotidien, Eric de Lucy de
Fossarieu et Roger de Jaham, deux figures du monde béké, estiment que le
reportage de Canal+ est
"un travail affolant de désinformation et de
nuisance". Et d'assurer :
"la communauté békée reflète la société
martiniquaise. Il y a des békés smicards. Il y a des békés au chômage... Les
békés ne sont pas tous chefs d'entreprise agricole sous leur véranda. C'est fini
ça".Mais en ces temps de crise, le reportage n'en finit pas d'échauder les
esprits, reflétant, selon l'écrivain
Patrick Chamoiseau, une
"animosité diffuse qu'on aurait tort de sous-estimer".essayez de voir cette vidéo su vous pouvez : http://www.lemonde.fr/archives/article/2009/02/13/un-reportage-sur-les-bekes-enflamme-la-martinique_1154769_0.html