Le président de la Guinée-Bissau, Joao Bernardo Vieira, a été tué, lundi 2 mars au matin, par des militaires. Confirmé
par une source diplomatique occidentale sur place, le meurtre aurait eu lieu en représailles à un attentat à la bombe qui a coûté, dimanche soir, la vie au chef d'état-major de l'armée de ce petit pays. La Guinée-Bissau, l'un des pays les plus pauvres de la planète, ancienne colonie portugaise située entre le Sénégal et la Guinée-Conakry, est
coutumière des coups d'Etat militaires depuis son indépendance en 1974.
"Le président Vieira a été tué par l'armée au moment où il tentait de fuir sa maison attaquée par un groupe de militaires proches du chef d'état-major Tagmé Na Waié, tôt ce matin", a déclaré Zamora Induta, le chef des relations extérieures de l'armée.
"C'était l'un des principaux responsables de la mort de Tagmé", a accusé ce responsable militaire.
Le chef d'état-major des forces armées, le général Tagmé Na Waié, avait été mortellement blessé dimanche soir, vers 20 heures, dans un attentat à la bombe contre le quartier général de l'armée, selon son chef de cabinet, le lieutenant-colonel Bwam Nhamtchio.
Début janvier, le général Na Waié avait affirmé avoir échappé à une tentative d'assassinat. Il avait accusé le clan présidentiel d'avoir voulu le
"liquider". Le 23 novembre, c'est une attaque menée par un groupe de militaires, de nuit, contre la résidence du président Joao Bernardo Vieira, qui avait fait deux morts au sein de sa garde.
GESTION CALAMITEUSED'après Idrissa Diallo, homme d'affaires bissau-guinéen et président du Parti de l'unité nationale, interrogé par RFI, le pays est depuis longtemps confronté
"à une guerre permanente pour le contrôle du pouvoir".
"Structurellement plongée dans l'instabilité", la Guinée souffre de la fragilité de ses institutions, d'une corruption endémique de ses classes dirigeantes et de l'emprise du narco-trafic sur son économie.
Joao Bernardo Vieira, dit "Nino", 69 ans, a régné vingt-trois ans sur ce petit pays. En 1980, il a succédé à Luis Cabral, le
"père de l'indépendance", et dirigé la Guinée-Bissau pendant dix-neuf ans. Chassé du pouvoir par la guerre civile (1998-1999), Viera a été réélu à la présidence en 2005.